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Pourquoi la société est-elle à cran ?
Les soignants sont deux fois plus nombreux que l’ensemble de la population active à subir des incivilités .
43 % des soignants déclarent être confrontés à de l’agressivité de la part de patients ou leurs proches. Ce taux s’élève à 63 % pour les aides-soignantes, selon l’enquête Odoxa 2024 pour la MNH (Mutuelle nationale des hospitaliers).
« Une femme en sevrage alcoolique qui sort un couteau ; un père dont la femme est en train d’accoucher qui pète les plombs car il trouve cela trop long ; de la famille qui vient visiter un malade en dehors des horaires d’accueil du public… C’est très compliqué ! », confirme Ali Bakkali, secrétaire de la section CFDT du Centre hospitalier Rives de Seine, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). À tel point que les agents suivent désormais une formation d’autodéfense.
Fatima, infirmière aux urgences, déplore également le comportement des patients stressés qui arrivent dans son service : « Il y a toujours de l’attente ici car ce n’est pas parce que l’on arrive en premier que l’on passe en premier. On prend les gens en fonction des urgences. Les agents d’accueil font ce qu’ils peuvent pour faire face. »
Soucieuse de mieux protéger les agents, la CFDT, majoritaire dans cet hôpital, a obtenu depuis deux ans le recrutement d’un agent de sécurité pour gérer les situations à risque. « Cela ne résout pas tout mais c’est efficace, ça rassure, de même que les caméras de vidéosurveillance, précise le secrétaire de section qui, systématiquement, accompagne les agents victimes. On leur conseille d’aller porter plainte, de prendre rendez-vous avec le médecin du travail et la psychologue de l’hôpital. Nous veillons que soit bien indiqué “accident du travail” sur leur feuille de maladie, et qu’ils aient suffisamment de repos pour récupérer après l’incident. »