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Extrait de l’hebdo n°3950
Le combat exemplaire des salariés de Metex (désormais Eurolysine) s’était soldé par la reprise de leur usine par le groupe Avril, en juillet 2024. À l’occasion de leur rencontre avec Marylise Léon, le 22 janvier, les militants CFDT sont revenus sur ces mois de lutte et osent enfin parler d’avenir.
Pendant des semaines, au printemps 2024, les salariés de Metex à Amiens avaient été sous les feux des projecteurs. Le sort de leur usine – la seule en Europe à produire des acides aminés (dont la lysine) destinés à nourrir les animaux d’élevage – était compromis. Plus de 300 salariés étaient menacés de perdre leur emploi. À Syndicalisme Hebdo et CFDT Magazine, nous avions suivi avec la plus grande attention le combat des militants CFDT voulant sauver le site. Jusqu’à la victoire, en juillet dernier, et l’annonce de la reprise par le groupe Avril.
Ces mois de lutte, les militants CFDT ne risquent pas de les oublier. Ils les évoquent d’ailleurs avec une certaine émotion devant la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, venue les rencontrer le 22 janvier à Amiens (Somme). « Ça a été la guerre des nerfs. Beaucoup de nuits blanches pour négocier ! », se souvient Alexandra Miroslav, la secrétaire du Syndicat Chimie-Énergie de Picardie, qui a été aux côtés de l’équipe CFDT des mois durant. « C’était une période très difficile. Mais, désormais, l’entreprise est sauvée. On regarde devant. Le chiffre d’affaires attendu pour 2025 est de 220 millions d’euros et on parle de bénéfices, un mot que l’on n’avait pas entendu depuis des années ! », se félicite Samir Benyahya, le délégué syndical de l’usine… qui s’appelle désormais Eurolysine.
De très ambitieux objectifs de production
1. Comité social et économique.
Le projet industriel du nouvel acquéreur est ambitieux. Il faut dire que l’activité avait énormément souffert des errements de Metex. « Pendant trois ans, l’usine a tourné à 30 % de ses capacités », rappelle Vanessa Thuillier, la secrétaire du CSE1. Si l’horizon se dégage de nouveau pour les 310 salariés du site d’Amiens, il n’est pas sans nuages. « Les objectifs de production sont très ambitieux ; pour les tenir, en termes de main-d’œuvre, ça tire, car on manque de personnel », explique Vanessa. De fait, l’usine a vu partir une soixantaine de personnes au moment des annonces de fermeture. « Même si on en a recruté une quarantaine récemment, il faut le temps de les former. On travaille avec des bactéries, on effectue des fermentations. La maîtrise des process est délicate et complexe », poursuit Vanessa. Former un opérateur nécessite trois mois au minimum, « voire des années pour un opérateur expert ».
Un grand défi que les salariés veulent relever
Cependant, le contexte économique est plus favorable qu’avant : le prix du sucre, matière première essentielle à la production de lysine, a baissé de 40 % depuis l’an dernier, et l’entreprise bénéficie de garanties antidumping (elles visent à limiter la concurrence chinoise en taxant davantage la lysine fabriquée en Chine). « Nous avons ces garanties… mais pour combien de temps ?, soulève Vanessa. Tout le monde a envie de relever le défi. Même si nous avons tous clairement conscience de son ampleur. »