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Pourquoi la société est-elle à cran ?
Les autorités de l’agglomération nantaise sont régulièrement interpellées par la section CFDT des transports urbains, qui alerte, sensibilise et communique sans relâche afin de protéger salariés et usagers contre les incivilités dans les bus et les tramways.

Face aux incivilités que subissent les salariés de la Semitan (Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise), les élus CFDT agissent depuis plusieurs années : distribution de tracts sur la voie publique, recueil de témoignages d’usagers, de conducteurs et de contrôleurs, communications à la presse, envoi de courriers à la mairie, à la préfecture et au ministère. La section a également émis des préconisations afin d’améliorer la sécurité des voyageurs : travailler sur l’éclairage public, renforcer la présence humaine, dresser l’inventaire des zones sensibles. Elle a aussi impulsé la création d’une police métropolitaine des transports en commun en 2019 : une brigade de trente-deux policiers municipaux présente du lundi au samedi de 11 heures à 1 heure du matin. En parallèle, la préfecture vient de créer un SISTC (service interdépartemental de sécurisation des transports en commun) composé de treize policiers nationaux, présents six jours sur sept de 11 heures à 2 heures du matin, déployés dans toute l’agglomération.
Changement de méthode
Selon Didier Sauvêtre, délégué syndical CFDT, la hausse des incivilités est liée, notamment, à l’augmentation du trafic ces dernières années. Dans un bus bondé, les altercations sont plus fréquentes. « Les contrôles à bord sont une autre source de tensions. Au fil des années, nous avons changé nos méthodes, nous ne contrôlons plus les voyageurs à la descente en les bloquant (sauf si les forces de l’ordre sont là en soutien). Nous préférons contrôler pendant le trajet et à la montée dans le véhicule », explique-t-il.
À la fin de chaque journée, les équipes de contrôleurs (toujours quatre au minimum) débriefent afin que l’entreprise consigne les faits rapportés. De plus, la formation des nouveaux conducteurs de la Semitan inclut un module de deux jours relatif à la gestion des conflits. « Les conducteurs ne doivent surtout pas se mettre en danger », précise Didier Sauvêtre. Les bus sont désormais tous équipés de vitres antiagression, de caméras de vidéosurveillance et d’un système d’appel d’urgence.
Mais, en amont de ces mesures, la prévention passe aussi par de la médiation auprès du public : « Des médiateurs de la Semitan interviennent dans les écoles pour parler des métiers du transport. Ils peuvent faire évoluer les comportements dans certains quartiers. Ils sont aussi sur le réseau pour déminer les situations conflictuelles et rassurer conducteurs et usagers par leur présence. Cependant, nous le constatons tous les jours, il n’y a pas de profil type de l’agresseur, poursuit le délégué syndical. C’est imprévisible. J’ai vu des usagers en règle refuser catégoriquement qu’on les contrôle, comprenne qui pourra… »
En cas d’agression, la section encourage toujours la personne à déposer plainte au commissariat, et la victime peut prendre rendez-vous avec une cellule de soutien afin de bénéficier d’un accompagnement personnalisé dont les soins sont pris en charge par la Semitan.