À l’Ehpad d’Argonne, la section CFDT multiplie les adhésions

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iconeExtrait de l’hebdo n°3933

Au fil des ans, la CFDT de l’Ehpad d’Argonne (Meuse / Grand Est) a imposé sa marque de fabrique et est devenue un acteur incontournable du dialogue social au sein de l’établissement. Et le fait savoir tant in situ que sur les réseaux sociaux.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 17/09/2024 à 12h00

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© CFDT - DR

« Imprimer la rétine » : la devise est répétée plusieurs fois par Rachel Collinet, 45 ans, secrétaire de la section de l’Ehpad d’Argonne depuis plusieurs années. « Nous sommes présents sur le terrain, tous les jours, et nous le clamons haut et fort ! », ajoute cette aide-soignante qui porte toujours son sweat « CFDT Ehpad d’Argonne » lorsqu’elle se déplace. Il est d’ailleurs impossible de passer à côté du véhicule de la syndicaliste et de ses très visibles magnets siglés CFDT ; impossible également de manquer ses baskets orange irradiant. Et elle n’est pas la seule à avoir le souci du détail. La virgule du célèbre équipementier sportif qui orne la paire de chaussures de running de sa collègue, Carine Pécheux, 42 ans, aide-soignante elle aussi, est évidemment de la même couleur. « C’est important de marquer les esprits ! »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur stratégie s’avère payante. Parmi les 200 agents publics répartis sur les trois établissements du groupement, 80 ont rejoint la CFDT. En décembre 2022, lors des élections professionnelles, la section obtenait 70 % des suffrages, contre 30 % pour l’Unsa, et cinq sièges contre deux au comité social d’établissement. Bien que la victoire soit sans appel, l’équipe CFDT a l’ambition de faire encore mieux lors du prochain scrutin, en 2026.

“Avant, on ne parlait jamais de développement”

« On va continuer à faire ce que l’on fait le mieux, c’est-à-dire aller à la rencontre de nos collègues dans tous les services et quadriller tous les établissements », explique Rachel Collinet. Trois binômes assurent une présence quotidienne dans chacun des sites. Les actions de visibilité matinale, lors de l’embauche ou de la débauche des personnels, du style café-croissant, font partie de la palette de la section. Ce travail de proximité a déjà permis de multiplier par deux les effectifs en moins de dix ans. « Auparavant, on ne parlait pas du tout de développement, confie Rachel. C’était quelque chose que nous n’avions pas dans le scope. » Le changement de paradigme, qui s’est progressivement opéré dans les pratiques, avec l’impulsion du Syndicat Santé-Sociaux 55, a largement contribué à cette dynamique.

Il y a encore peu, la CFDT était la seule organisation syndicale présente au sein des sites de Varennes-en-Argonne et de Montfaucon-d’Argonne, mais le jeu des fusions a changé la donne. L’arrivée de l’établissement de Clermont-en-Argonne est venue bousculer les équilibres, l’Unsa y étant plutôt bien implantée. Une petite contrariété, certes, mais surtout un nouveau défi que relèvent ces militantes orange surmotivées. Elles ont désormais l’établissement de Clermont dans le viseur. « On entend bien y faire notre trou », confirme Rachel.

Former et se former

Pour cela, elles s’appuient sur les réseaux sociaux. Dans leur dernière vidéo, partagée sur Facebook, Pauline et Solène se mettent en scène. Quelques jours après sa mise en ligne, la capsule enregistrait déjà plus de mille vues. Et la première qu’elles ont publiée (en avril 2024) cumule à ce jour plus de 3 000 vues – une satisfaction pour Solène, 29 ans, qui a rejoint la CFDT, convaincue par Rachel et Carine il y a cinq ans. « Nos vidéos sont humoristiques, mais on fait en sorte qu’elles soient surtout informatives. » Des formats courts sont ainsi diffusés une fois par mois en moyenne. L’animatrice et sa collègue, toutes deux chargées de la communication, ne manquent pas d’idées lorsqu’il s’agit de gagner la bataille de l’information.

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© CFDT - DR

« Avec le syndicat, elles ont suivi une formation en communication numérique, elles en sont revenues transformées », taquine Rachel. « On ne les tient plus ! », plaisante Carine. Ce vent d’originalité fait grimper les adhésions des moins de 35 ans. « À ce jour, un adhérent sur quatre appartient à cette tranche d’âge », explique Pauline, qui a récemment participé à Effervescence(s), avec 300 jeunes militants, à Orléans.

« Nous avons la chance de pouvoir accéder à des formations », insiste Rachel, qui veille à ce que chacun puisse se former et développer ses compétences. « Parce que ce n’est pas inné ; c’est parfois intimidant d’aller au contact de ses collègues, on n’est pas forcément à l’aise », poursuit Carine. En lien avec le Syndicat Santé-Sociaux de la Meuse (55), la section encourage d’ailleurs les adhérents et futurs militants à participer aux tournées de service organisées au Centre hospitalier de Verdun, afin que chacun puisse surmonter ses éventuelles appréhensions.

Un nombre d’adhérents qui pèse dans le dialogue social

Visibilité, formation… et résultats. Voilà le dernier ingrédient qui explique le succès de la section, en première ligne en matière de dialogue social. « C’est l’occasion de montrer que le vote CFDT est utile… et que voter pour une autre organisation l’est nettement moins », affirme Carine. À la fin de l’année 2023, la section obtenait la mise en place d’un forfait mobilité durable dans les trois établissements – un coup de pouce bienvenu pour le pouvoir d’achat des agents qui privilégient le vélo et/ou le covoiturage. Après plusieurs mois d’une bataille acharnée, elle a aussi obtenu l’application de l’accord national qui prévoyait, au 1er janvier 2024, une majoration des heures de nuit de 25 % et une majoration des heures des dimanches et jours fériés, passant de 49 à 60 euros. « Si la mesure était censée s’imposer d’elle-même, sans notre intervention, rien n’aurait été mis en place… », précise Rachel.

Et puis, ces derniers mois, la section CFDT s’est battue pour obtenir un congé d’ancienneté : un jour par an dès vingt ans dans la fonction publique hospitalière, deux jours après vingt-cinq ans et trois jours après trente ans. En cas de suppression d’une journée de repos, à l’occasion d’un rappel pour nécessité de service, une compensation de quatre heures supplémentaires rémunérées est prévue.

Le truc en plus… avec la CFDT

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Les militantes n’oublient évidemment pas de communiquer sur de tels résultats. Un SMS personnalisé est ainsi envoyé à chaque adhérent au sortir d’un rendez-vous d’instance. La CFDT de l’Ehpad d’Argonne, c’est aussi un accompagnement individualisé, aux petits oignons, des agents qui souhaitent monter leur dossier au comité de gestion des œuvres sociales (CGOS) ou auprès de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL), à laquelle sont affiliés les agents territoriaux et hospitaliers. « On veut que le “comment tu sais ça, toi ? bah, je suis syndiqué à la CFDT” devienne une norme », détaille Solène, qui insiste sur « la réactivité et la disponibilité plus plus » des différents binômes. « On veut montrer qu’il y a un vrai plus à adhérer, qu’il y a une différence entre être adhérent et ne pas l’être », explique Rachel, selon qui la fidélisation est un des défis centraux à relever. Cela passe aussi par la multiplication des temps informels et conviviaux, à l’instar du rassemblement convivial avec les familles hors les murs, en juin dernier. Imprimer la rétine, donc, partout et tout le temps !