Un pas en avant pour le dialogue social au sein de l’UE

temps de lecture Temps de lecture 4 min

icone Extrait de l'hebdo n°3956

Le 5 mars, la Commission européenne, la Confédération européenne des syndicats (CES) et les représentants des employeurs européens ont signé un “Pacte pour le dialogue européen”. Si la CFDT espérait un texte plus ambitieux, elle salue néanmoins une étape importante dans le renforcement de la place et du rôle des partenaires sociaux.

Par Guillaume LefèvrePublié le 11/03/2025 à 13h00

image
© Commission européenne

« Le Pacte de dialogue social européen s’inscrit dans le cadre d’un engagement renouvelé en faveur du renforcement du dialogue social européen à l’heure de la transformation mondiale », peut-on lire en introduction du document final au bas duquel Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, Esther Lynch, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), et trois organisations des employeurs BusinessEurope (employeurs du secteur privé), SGI Europe (employeurs publics et sociétés étatiques ou similaires) et SMEunited (petites et moyennes entreprises) ont apposé leurs signatures.

Les partenaires sociaux auront leur mot à dire

« Cela ouvre la voie à plusieurs moments de consultation des partenaires sociaux au niveau européen qui, aujourd’hui, n’existent pas ou sont volatiles. Cela permettra également de relancer des dynamiques bipartites et tripartites », analyse Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT. La Commission – en reconnaissant qu’elle « consultera les partenaires sociaux en temps utile […] sur les initiatives politiques qui ne relèvent pas des politiques de l’emploi ou sociales […] mais qui présentent un intérêt particulier pour les partenaires sociaux » – leur confère une légitimité quand il s’agit de participer aux débats. « Dans un contexte où diverses forces politiques tentent au niveau européen comme à l’échelle mondiale de minimiser le rôle des syndicats qui devraient prétendument se cantonner à l’environnement du travail, c’est un signal fort ! », insiste Béatrice.

« Nous ressentons tous les vents turbulents d’un monde en mutation mais nous choisissons de nous engager envers ce qui, nous le savons, nous a apporté : notre tradition européenne de dialogue social, de compromis et de construction de consensus social », poursuit Esther Lynch, secrétaire générale de la CES.

Encourager le dialogue social dans chaque État membre

Dans le détail, ce Pacte (divisé en quatre chapitres) rappelle l’importance du dialogue social européen et le rôle spécifique des partenaires sociaux dans la coréglementation des politiques sociales et de l’emploi. Il reconnaît également la nécessaire différence entre les consultations des partenaires sociaux et celles, plus larges, des organisations de la société civile. Il vient enfin lister les actions que la Commission européenne s’engage à mettre en place afin de renforcer et soutenir le dialogue social européen bipartite (interprofessionnel et sectoriel) et tripartite.

Cela passera entre autres par la garantie d’un soutien politique, financier et administratif au dialogue social. La Commission « encouragera » le renforcement des moyens et des capacités à agir des partenaires sociaux dans chacun des vingt-sept États membres de l’Union et chez les postulants à l’adhésion. Cet engagement n’a rien d’anodin quand on sait que les syndicats et le dialogue social sont malmenés dans plusieurs pays d’Europe – parmi lesquels la Finlande, l’Italie et la Hongrie, qui ont vu l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Le syndicalisme européen a su montrer sa capacité à être force de proposition et à imposer son agenda, même dans un contexte institutionnel moins favorable que dans la dernière mandature », insiste Béatrice Lestic. Reste maintenant à traduire les écrits en actes. La CES et la CFDT y veilleront. « Pour aller de l’avant et relever les défis collectifs, gardons cette attitude constructive. Nous disposons d’une base solide sur laquelle nous appuyer. Nous ferons partie de la solution », conclut Claes-Mikael Ståhl, secrétaire général adjoint de la CES.