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Extrait de l’hebdo n°3952
![Luc Mathieu, secrétaire national.](https://api.www.syndicalismehebdo.fr/media/cache/article_thumb_big/uploads/media/2023/09/3886-edito-lucmathieu-c-j.melin-64f600ea5c691655576749.jpg)
Au moment où la France accueille un sommet européen sur l’intelligence artificielle, essentiellement focalisé sur les dimensions économiques et de souveraineté, et alors que les uns et les autres promettent monts et merveilles, une société débarrassée des tâches ennuyeuses et répétitives mais centrée sur celles dites « à haute valeur ajoutée », il est sans doute nécessaire de repréciser certaines choses. Dans les entreprises, traiter de la question du numérique et de l’intelligence artificielle doit être l’occasion de poser la question du pourquoi.
Il faut le rappeler, il n’y a aucun déterminisme technologique en la matière. Ce qui se passera dans ce domaine, ce sera ce qui a été voulu. Car derrière chaque projet mis en œuvre, il y a une intention, des objectifs, des résultats attendus, c’est-à-dire une stratégie, que les salariés et leurs représentants sont totalement légitimes à interroger. Quels sont les effets sociaux, économiques, environnementaux, sociétaux de ces projets ? Quels effets sur le travail et les salariés ? Comment conjuguer innovation et cadre d’action clair et protecteur pour les salariés.
On le sait, les effets des innovations technologiques du numérique et de l’IA sont ambivalents, et ses enjeux très nombreux : volume, contenu et conditions d’exercice des emplois, cybersécurité et protection des données, biais et discriminations algorithmiques, respects des droits d’auteur et des droits voisins, préservation des libertés individuelles et collectives, etc.
C’est pourquoi la CFDT affirme que le dialogue social doit être au centre des travaux de mise en œuvre des outils numériques et des systèmes algorithmiques au travail. Robots, logiciels, caméras et objets connectés ne sont pas de simples outils techniques : ils ont des implications sociales majeures et doivent être discutés avec les représentants des travailleurs.
Malheureusement, ce dialogue social technologique est aujourd’hui trop peu mis en œuvre. Il est urgent d’y remédier. C’est pourquoi la CFDT appelle à la négociation d’un accord national interprofessionnel concernant le numérique et l’IA au travail. Il ne faut pas craindre l’intelligence artificielle, certes, mais pas non plus le dialogue social – dont la vivacité est un facteur de réussite, y compris économique, pour la vie des entreprises et de leurs salariés.