Sans ambition, le budget de la Sécurité sociale repousse les difficultés à plus tard

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icone Extrait de l'hebdo n°3953

Le gouvernement a finalement réussi à faire adopter le budget de la Sécurité sociale. Afin d’éviter la censure, les mesures les plus contestées à droite comme à gauche ont été supprimées, ce qui creuse un peu plus le déficit – désormais estimé à plus de 22 milliards d’euros pour 2025.

Par Jérôme CitronPublié le 18/02/2025 à 13h00

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© Éric Tschaen/RÉA

La Sécurité sociale aura bien un budget en 2025. Après le projet de loi de finances, la semaine dernière, le gouvernement s’apprête à faire atterrir le projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Ce 18 février, les sénateurs ont voté le texte final. À l’image du budget des ministères, celui de la Sécurité sociale est marqué par la crise politique et les négociations en coulisse avec le Parti socialiste et Les Républicains pour éviter une nouvelle censure. Résultat, un certain nombre de mesures parmi les plus contestées, du côté gauche comme du côté droit de l’Assemblée, ont été supprimées, et celles qui restent ne permettent ni l’équilibre des comptes ni la justice sociale.

Ainsi, il n’est plus question de désindexation des retraites, des deux jours de carence supplémentaires dans la fonction publique, d’une deuxième journée de travail « gratuite » ou d’un moindre remboursement de la consultation chez le médecin généraliste. Pas plus qu’il n’est question de revenir massivement sur les allègements de charges (1,6 milliard d’euros d’économies prévu, contre 4 milliards dans la copie de Michel Barnier) ou de trouver de nouveaux financements en vue de faire face aux difficultés. Par ailleurs, l’Ondam1 a été revu à la hausse.

Sécuriser le fonctionnement du système

La conséquence financière de ces non-choix (ni côté recettes ni côté ressources) est loin d’être neutre. Le déficit prévu pour 2025 est estimé à présent à 22 milliards d’euros (16 milliards dans la copie de l’ex-Premier ministre Barnier), soit 4 milliards de plus qu’en 2024 et 12 milliards de plus en 2023. Serait-ce un mal nécessaire permettant d’éviter une nouvelle censure ? « Il fallait bien qu’un budget soit voté. Cela sécurise le fonctionnement du système à court terme, mais il est clair que cela ne règle rien à moyen et long terme, résume Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale de la CFDT. Il faut absolument que nous travaillions très vite à un scénario de retour à l’équilibre. »

La CFDT demande une conférence de financement

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

Reste maintenant à savoir si le gouvernement va s’attaquer à cette question en préparant le budget 2026. La CFDT demande la mise en place d’une conférence de financement afin de pouvoir étudier les pistes possibles en toute transparence et en prenant le temps nécessaire. Des réformes structurelles doivent être menées. Selon la CFDT, il est inacceptable de laisser les finances de notre système social dériver ainsi. « Nous avons toujours affirmé que l’aspect financier devait être regardé avec lucidité, et nous n’avons jamais craint de prendre nos responsabilités quand cela était nécessaire, affirme Jocelyne Cabanal. Des efforts vont devoir être demandés en 2026, nous en avons conscience, mais ces efforts doivent être équitablement répartis pour être acceptés de tous. C’est là tout l’enjeu des futures discussions. »