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Extrait de l’hebdo n°3904
Le 24 janvier, les organisations syndicales argentines appellent à la grève générale. Elles dénoncent la politique ultralibérale du président d’extrême droite Javier Milei et ses attaques contre les travailleurs et les libertés syndicales. Ce mouvement est soutenu par la CFDT, qui sera présente devant l’ambassade d’Argentine.
Élu avec 55,6 % des voix le 19 novembre 2023, Javier Milei a surfé sur la désespérance de la population argentine avec une stratégie populiste lui ayant permis de remporter l’élection présidentielle. Il avait promis de se débarrasser de la « caste », de supprimer les normes sociales et environnementales et de « tronçonner l’État ennemi » ; il s’y est aussitôt attelé.
Au programme du Président et de son gouvernement : privatisations, réduction des dépenses publiques, désencadrement des loyers, négation des crimes de la dictature. Les travailleurs et les syndicats ne sont pas épargnés. « Javier Milei est un bulldozer ultralibéral qui a pour ambition une révolution conservatrice, résume Célia Himelfarb, économiste et professeur à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine. Il y a chez lui une forte volonté de contrôler et de limiter l’action syndicale. Les rassemblements de plus de trois personnes ont par exemple été interdits. »
Les travailleurs attaqués
De fait, le « décret de nécessité d’urgence » et ses 300 mesures impactant les droits individuels et collectifs, présenté le 20 décembre 2023, reprend l’essentiel du programme du candidat. Il prévoit également d’introduire de la flexibilité sur le marché du travail, le rallongement de la période d’essai ou la fin de la majoration des heures supplémentaires. Ses attaques contre les services publics pourraient entraîner la perte d’« un million d’emplois d’agents publics dans les mois à venir », poursuit Célia Himelfarb.
Par ailleurs, le Président, dès sa prise de fonction, a supprimé le ministère des Femmes et entend abroger la loi légalisant l’avortement. « La politique de Milei témoigne de la nature profonde de l’extrême droite, un danger mortel pour le monde du travail, pour les services publics et l’environnement et un mépris des principes démocratiques les plus élémentaires », écrit la CFDT aux côtés de la CGT, FO, la FSU, Solidaires et l’Unsa.
Rassemblement devant l’ambassade d’Argentine le 24 janvier
Afin d’afficher leur soutien aux trois centrales syndicales argentines CGT RA, CTA-A et CTA-R, qui appellent à la grève générale le 24 janvier, les six organisations françaises organisent un rassemblement de solidarité devant l’ambassade d’Argentine, à Paris, le même jour à 18 heures.
« Nous serons présents pour dénoncer les lois antisociales et liberticides et rappeler que lorsque l’extrême droite arrive au pouvoir, ses priorités sont de détricoter les droits des travailleurs, de s’attaquer aux femmes et aux libertés individuelles et collectives », résume Béatrice Lestic, secrétaire nationale en charge de l’international. « Les actions du gouvernement Milei rappellent les jours les plus sombres de la dictature et nécessitent une réponse forte et unie de la part du mouvement syndical mondial », abonde Luc Triangle, secrétaire général de la Confédération syndicale internationale.