Dans une ambiance tendue, en raison de rachats et d’opérations financières, la CFDT de Flowbird, première organisation syndicale de l’entreprise, se bat sur tous les fronts, y compris en justice.
Dans la grande majorité des villes, les appareils servant à oblitérer les tickets et à valider les cartes d’abonnement des transports en commun sont produits sur le site bisontin de la société Flowbird. Leader mondial de la fabrication d’horodateurs, la société surfe avec succès sur cette niche. Tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas vraiment. La CFDT, syndicat majoritaire, se bat sur tous les fronts, dans un contexte tendu. « L’entreprise n’a cessé d’être achetée et revendue par des fonds financiers dont le seul objectif est de maximiser les gains, devenant un objet de spéculation, déplore Marc Szabo, délégué syndical et secrétaire général de la CFDT-Métaux du Doubs. Malheureusement, les salariés en payent les conséquences. »
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Issue de la Compagnie des compteurs, lancée au début des années 1920, l’entreprise de fabrication de compteurs d’eau, de gaz et d’électricité, basée à Montrouge, en banlieue parisienne, rapatrie rapidement ses activités de petite mécanique et d’horlogerie à Besançon, une ville déjà connue pour son pôle industriel horloger. Plus tard, dans les années 60, les activités de recherche et développement sont, elles aussi, rapatriées dans le chef-lieu du département du Doubs. L’activité est ensuite freinée par la crise des années 80. Le nombre de salariés passe alors d’un millier à moins de 500. Puis, en 2003, nouvelle étape : Flowbird subit un leverage buy out (le LBO est un montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier, en l’occurrence par recours à un fort endettement bancaire). Un actionnaire achète une entreprise en investissant une part minime (25 %), le reste de l’investissement correspond à un prêt que l’entreprise rembourse elle-même (au travers d’une société mère à laquelle elle verse tous ses bénéfices). Puis rapidement (environ quatre ans), l’actionnaire la revend avec plus-value. Entre-temps, l’équipe de direction mise en place aura comme objectif de créer le maximum de croissance. Quand l’actionnaire revend, il fait une belle affaire. Durant les quatre ans, c’est la société elle-même qui finance la quasi-totalité de l’investissement. « Les gains des fonds financiers ont été démesurés, voire scandaleux, explique Durica Dugandzic, délégué syndical. En 2016, par exemple, l’une des reventes a rapporté quelque 94 millions de bénéfices, que se sont partagés une quinzaine de dirigeants. Pendant ce temps-là, les effectifs continuaient de baisser. »
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De son côté, la section met les bouchées doubles pour transmettre aux salariés toutes les informations sur les rachats, les ventes et les multiples opérations financières. Plusieurs publications voient le jour. En 2007, elle édite un bulletin humoristique et informatif – Néon, un autre éclairage sur la vie de Parkeon [ancien nom de la société, avant qu’elle soit rebaptisée Flowbird]. Des rubriques « Astuce », « Verbatim », des jeux et devinettes et même une rubrique « Psychologie » donnent le sourire et apportent des informations sur la vie de l’entreprise et les actions de la section. Des newsletters sont envoyées, des tracts sont distribués. « L’objectif, à travers tous ces canaux, est d’être le plus transparent possible auprès des salariés, précise Marc Szabo. Nous avons très tôt compris que la communication était une forte demande. »
La CFDT est l’organisation syndicale qui communique le plus dans l’entreprise, forte d’une équipe de militants et de rédacteurs assidus et passionnés. L’un d’eux se spécialise dans l’histoire de l’entreprise, un autre se charge des dessins humoristiques, un autre encore rédige les articles de fond sur les négociations ou les rachats. Les résultats sont visibles. Les dernières élections en janvier 2019 ont attiré plus d’électeurs que les autres années. La CFDT est devenue le premier syndicat. « Nous n’avons pas attendu la veille pour nous préparer, raconte Marc Szabo. Pendant la mandature précédente, nous avons énormément communiqué sur notre travail. C’est le résultat d’une…