Priorité à l’émancipation pour la CFDT chez Ibis Île-de-France abonné

Majoritaire en Île-de-France, la CFDT des petits hôtels Ibis se distingue par son professionnalisme. Les salariés comme les directeurs d’hôtel savent qu’ils peuvent compter sur des élus prêts à intervenir au moindre souci. Une conception du dialogue social qui a permis au fil des années d’obtenir de nombreuses avancées.

Par Jérôme CitronPublié le 24/12/2019 à 09h00

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Dans ce petit hôtel Ibis proche de la gare du Nord à Paris, Patricia Rodriguez joue à domicile. C’est ici qu’elle a commencé sa carrière, au début des années 90. Sur le point d’accoucher de son premier enfant, elle a accepté un poste de responsable petit déjeuner à temps partiel. Trente ans plus tard, cette femme dynamique reste toujours rattachée à cet établissement, elle y connaît tous les employés et passe souvent les voir, mais son rôle au sein de la galaxie Ibis a bien évolué. Elle est devenue déléguée syndicale CFDT pour l’ensemble des petits hôtels de la marque (moins de 50 salariés) en Île-de-France. Un poste stratégique où elle se plaît à faire vivre un syndicalisme réformiste, un syndicalisme de compromis sans jamais tomber dans la compromission.

Un réformisme assumé


Un syndicalisme de proximité
Bien que le groupe Accor soit gigantesque, le syndicalisme que pratiquent les équipes CFDT se fait avant tout dans la proximité. C’est dans les hôtels, aux côtés des collègues, que tout se joue. Les responsables syndicaux du groupe ont la lourde tâche d’animer ce réseau en veillant à ce que tout le monde puisse relayer les remontées de terrain et participer à la construction des revendications.

Un syndicalisme de service
Aide sociale, logement, voire conseils de carrière… : les salariés savent qu’ils peuvent contacter leurs élus qui font jouer le réseau CFDT pour trouver des solutions. Les directeurs d’hôtel font même parfois le lien lorsqu’un de leurs employés se trouve en difficulté.

Un syndicalisme de dialogue
Même si les conditions de travail sont difficiles et les rémunérations faibles, pas question pour la CFDT de tomber dans un discours misérabiliste. Grâce au dialogue social, les salariés sont respectés et bénéficient de plusieurs avancées négociées, année après année, par leurs représentants

« J’ai toujours pensé que l’on pouvait trouver des solutions sans abîmer l’entreprise. C’est pour ça que j’ai rejoint la CFDT il y a une quinzaine d’années. Les militants que j’ai rencontrés à l’époque défendaient cette approche dans l’ensemble du groupe Accor. Je poursuis à mon niveau un travail entamé de longue date, résume-t-elle. Grâce au travail de tous ces militants, le dialogue social est sain dans l’entreprise. Il y a des difficultés, mais on essaie toujours de trouver une solution en dialoguant à tous les échelons de la hiérarchie. »

Cette approche résolument constructive a manifestement fait ses preuves et conquis les salariés. La CFDT est devenue la première organisation syndicale dans le groupe. Et sur les 19 hôtels franciliens couverts par Patricia, 18 ont placé la CFDT à la première place lors des dernières élections professionnelles. « Nous sommes à plus de 50 %, indique-t-elle avec fierté. Quand un salarié a un souci de planning ou de charge de travail, il sait qu’il a forcément un élu CFDT dans son hôtel pour faire le lien avec la hiérarchie, pour déminer les tensions. »

Dans ce secteur professionnel très difficile, les élus CFDT sont ainsi au service de leurs collègues. Ils peuvent également intervenir en cas de problème de logement ou pour épauler des collègues quand il s’agit de remplir des dossiers d’aides. Parfois, ils le font même à la demande de directeurs d’hôtel qui les alertent sur telle ou telle situation. « Notre rôle est d’accompagner tous nos collègues, de les aider autant que possible en cas de problèmes personnels ou professionnels et de veiller à ce qu’ils soient respectés », souligne Patricia. Arrivée en France à 20 ans, cette militante d’origine péruvienne tient particulièrement à ce rôle social et émancipateur du syndicat. « L’une des actions dont je suis le plus fière depuis toutes ces années, c’est la mise en place de cours de français dans les hôtels. Nous avions obtenu que cela se fasse pendant les heures de travail. Si l’on veut que les femmes de chambre puissent évoluer et se faire respecter, leur proposer d’apprendre la langue du pays est la base ! »

Des conditions de travail difficiles…

La maîtrise du français est d’autant plus importante que le métier de femme de chambre est extrêmement pénible physiquement. Les maux de dos, d’épaules et de genoux sont légion parmi cette population exclusivement féminine. L’une des options pour celles qui ne supportent plus les conditions de travail est de s’orienter vers le service en salle, mais réussir cette reconversion suppose de ne pas avoir peur de parler à la clientèle. « Même si nous avons obtenu des avancées sur les conditions de travail, que nous veillons à ce que les salariées suivent des formations gestes et postures et que nous sommes très vigilants sur la qualité et l’ergonomie du matériel, le métier reste épuisant, ajoute une femme de chambre adhérente à la CFDT. D’autant qu’il y a une pression de la direction qui aimerait que nous préparions toujours plus de chambres par jour. »

À ces conditions de travail difficiles s’ajoute la question des faibles rémunérations dans le secteur, ce qui explique d’ailleurs en grande partie pourquoi le…

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