Opération ville morte à Vouziers, en soutien aux salariés de Walor

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iconeExtrait de l’hebdo n°3935

Deux sites ardennais du sous-traitant automobile Walor risquent la liquidation judiciaire. 245 emplois seraient menacés ainsi que plus de 1 000 emplois indirects. Une mobilisation citoyenne a eu lieu le 28 septembre à l’initiative de la CFDT.

Par Sabine Izard— Publié le 01/10/2024 à 12h00

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© Walor - DR

Ce 28 septembre, place Carnot à Vouziers (Ardennes / Grand Est), une centaine de personnes ont défilé en soutien aux salariés de deux établissements du sous-traitant automobile Walor, à Vouziers (usinage) et Bogny-sur-Meuse (forge). Quelques jours plus tôt, les deux sites ardennais ont appris la mise en redressement judiciaire de Vouziers et la procédure de sauvegarde judiciaire de Bogny-sur-Meuse. « Si nous ne faisons rien, ce sont plus de 1 000 emplois indirects qui seront ainsi rayés de la carte dans le territoire ardennais chez les sous-traitants, les fournisseurs, dans les commerces et les services publics, alerte Albert Cazeaux, le secrétaire général de la CFDT Métallurgie des Ardennes. À Vouziers, tous les petits commerçants sont inquiets. L’usine Walor est la plus grosse de la ville. Sa fermeture aura forcément un impact énorme sur l’emploi dans le département. »

À la recherche d’un repreneur local

Les deux sites ont été rachetés en 2023 par le groupe financier allemand Mutarès. Mais celui-ci « n’a pas investi, malgré les engagements pris au moment de la reprise et malgré des aides publiques perçues ces dernières années : 300 000 euros à Vouziers et 1 500 000 euros à Bogny », résume Bruno Bodson, délégué syndical CFDT et secrétaire du CSE à Vouziers. « Les élus et les représentants CFDT avaient pourtant interpellé les dirigeants de Walor et Mutarès ainsi que les pouvoirs publics, aux niveaux régional et national, depuis de nombreuses années », explique le militant. « L’État ne peut pas continuer à donner des aides à des groupes comme ça pour faire couler des boîtes. »

« La connexion avec les marchés européens, la disponibilité énergétique avec la proximité de Chooz, l’emplacement des installations, l’engagement des salariés représentent autant d’atouts pour l’avenir de ces sites à Vouziers et Bogny », interpellent la CFDT Métallurgie et la CFDT Grand Est dans un récent communiqué. Selon elles, ces sites méritent « un nouveau projet industriel et une mobilisation de tous les acteurs locaux, régionaux et nationaux qui permettront de trouver des repreneurs avec des projets industriels et redonner des perspectives aux salariés, à leurs familles et aux parties prenantes du territoire ».

Des salariés en souffrance

1. Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

En attendant, les salariés des deux sites sont en souffrance. Depuis plusieurs mois, leurs conditions de travail ne cessent de se dégrader. « Nous avons alerté à plusieurs reprises la Drieets1. Pourtant, des ruptures conventionnelles individuelles continuent d’être validées », explique Albert Cazeaux. « Aujourd’hui, c’est la déprime générale à l’usine, appuie Bruno Bodson. À Bogny-sur-Meuse, les salariés sont en grève toute la semaine à l’appel de la CGT. C’est une bonne chose pour eux, mais ça risque de pénaliser Vouziers, qu’ils fournissent en pièces. Du coup, les salariés sont en chômage partiel toute la semaine. »

S’ajoutent à cela des pannes de machines à répétition, non prises en charge par Walor. Depuis plus de deux ans, en effet, les représentants et les élus CFDT tirent la sonnette d’alarme et dénoncent le sous-investissement chronique dans ces sites. La productivité et la qualité baissent ; pire, les salariés sont exposés à des risques, et les accidents du travail se multiplient. « Nous avons beau prévenir la Drieets, la direction ne met rien en place pour essayer de régler ces problèmes J’ai également été alerté par les salariés aujourd’hui, poursuit Bruno Bodson. Les salaires n’ont toujours pas été versés. La direction des ressources humaines m’a répondu que ça n’allait pas tarder, et que les salaires allaient être versés en retard ce mois-ci. Je suis très inquiet pour mes collègues, notamment ceux qui ont des enfants à charge. Je me demande comment ils vont faire. »

Si les salariés ont placé leur confiance dans leurs représentants, ils savent que les possibilités d’actions syndicales sont limitées. « On parle avec Bercy, avec les élus locaux, mais ça bloque à tous les étages. De son côté, le groupe reste sourd à nos demandes. Je crains qu’in fine il ne ferme la plupart de ses sites en France… »