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Extrait de l’hebdo n°3924
L’équipe CFDT de la métropole de Brest s’est profondément renouvelée ces dernières années. De nouveaux militants ont pris le relais avec la ferme intention de travailler de manière plus collégiale. Le message qui est adressé aux agents de la collectivité est clair : “La CFDT est de retour, vous pouvez compter sur elle !”
C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Lors des dernières élections professionnelles, en décembre 2022, les agents de la métropole de Brest ont placé la CFDT à la troisième place avec 20 % des voix, derrière la CGT (30 %) et l’Unsa (27 %), mais devant FO (15 %) et Sud (8 %). Que faut-il penser d’un tel classement ? Pour une partie des militants, ce résultat est plutôt encourageant tant il montre que tout le travail réalisé pendant la campagne a permis de sauver les meubles. Pour l’autre partie, c’est plutôt la déception qui prime, l’ambition étant en effet d’être à la deuxième place. Une chose est sûre : la CFDT n’était pas, à l’époque, au mieux de sa forme ; une nouvelle équipe venait à peine de prendre les rênes de la section.
La CFDT de nouveau dans le jeu
Dix-huit mois plus tard, cette joyeuse bande est toujours aux manettes. Le relatif échec aux élections professionnelles fait désormais partie de l’histoire ancienne. Tous ont le regard tourné vers les prochaines échéances, avec la ferme intention de montrer que la CFDT est de nouveau dans le jeu. Ce renouveau est largement symbolisé par le (jeune) secrétaire de section, Kevin Gouez, ainsi que sa toute jeune adjointe Lenaïg Cavarec. Tous deux sont très bien entourés par des militants motivés, à l’image d’Élisabeth Le Faucheur, Erwan Bajar, de Christine Berthou-Ballot ou encore Maryse Boudin, ancienne secrétaire de la section. Une belle diversité d’âges et d’ancienneté dans l’action syndicale.
« L’histoire de la section de Brest, c’est l’histoire classique d’un passage de témoin, raconte Pascale Arnault, secrétaire du Syndicat Interco du Finistère. Les militants précédents n’avaient pas démérité mais l’usure commençait à se faire sentir. Ils sont parvenus à transmettre le flambeau en bonne intelligence à des militants plus jeunes, bien que cela n’ait pas suffi à inverser la dynamique électorale. La passation s’est faite un peu trop tardivement. »
Depuis, la fine équipe a bien progressé. Elle a tout d’abord été accompagnée par deux militants chevronnés dans le cadre du dispositif ARC (Accompagnement, Ressources, Conseil) proposé par l’Union départementale CFDT du Finistère. Ces deux militants (Benoît et Mireille) l’ont aidée à se structurer, à se mettre d’accord sur la manière dont ses membres souhaitaient travailler. « Ils nous ont demandé de quoi nous avions envie, et il est vite apparu dans la discussion que nous souhaitions d’un fonctionnement plus collectif », explique Élisabeth. « Nous voulions aussi davantage de méthode, de rigueur dans le travail militant pour gagner en efficacité », ajoute Lenaïg. Il est rapidement devenu évident qu’il fallait faire davantage participer l’ensemble des militants et adhérents afin d’occuper le terrain et de gagner en crédibilité dans les revendications.
Aujourd’hui, cette nouvelle organisation est en place. La CFDT dispose de référents dans tous les secteurs d’activité et dans tous les métiers. Des tournées, par équipes de deux ou trois personnes, sont organisées sur le terrain pour n’oublier aucun agent. Lenaïg se charge de piloter ce travail de proximité essentiel visant à comprendre la réalité de travail des agents, à coller à leurs revendications ou encore à alerter en haut lieu si nécessaire. L’idée, c’est d’optimiser le temps syndical, de jongler avec les formations et les heures mensuelles d’information pour être le plus possible présents auprès des agents. « Nous faisons participer un maximum de monde afin de faire croître nos forces, résume Élisabeth. Pour cela, nous avons travaillé sur la circulation de l’information et sur la nécessité de jouer collectif. » Un grand tableau, affiché dans le local syndical, répertorie l’ensemble des tournées passées et à venir, signe d’une organisation au cordeau. « Ça prend du temps à mettre en place car il faut savoir quand passer pour ne pas gêner les agents en plein travail tout en étant sûrs de croiser du monde », résume Lenaïg.
Une équipe qui fait… et qui fait savoir
1. Qualité de vie et des conditions de travail.
Aux yeux de la direction, l’équipe a gagné en crédibilité en se montrant plus incisive, et surtout en faisant des propositions et en exigeant des réponses. Là encore, il s’agit de faire et de faire savoir. L’équipe a ainsi mené une enquête sur les violences sexistes et sexuelles au travail. Elle est également très présente sur la question des contractuels, qui représentent 28 % des effectifs mais sont très peu pris en charge par les autres organisations syndicales. Elle s’est notamment penchée sur les métiers de l’animation, qui sont souvent les parents pauvres au sein des collectivités avec des temps de travail non complets. Parallèlement, la section est montée au créneau lorsqu’il s’est agi de défendre les agents agressés par certains usagers. Ce phénomène s’avère d’ailleurs en constante progression et mériterait un travail spécifique… Bientôt, un chantier sur la QVCT1 sera lancé. « Depuis que nous avons repris la section, nous avons pris le temps de nous former. Cela aussi nous a permis de gagner en crédibilité », souligne Kevin.
Tout ce travail paie, c’est incontestable. La section est passée de 184 adhérents à la fin de l’année 2020 à 270 aujourd’hui, et les agents continuent de frapper à la porte. C’est de bon augure pour les élections de 2026. L’échéance est déjà dans la tête de ces militants déterminés…