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Extrait de l'hebdo n°3955

Le ministère du Travail a consulté, le 28 février dernier, les partenaires sociaux au sujet de la révision des listes des métiers dits en tension, c’est-à-dire qui connaissent des difficultés de recrutement. Prises en application de la loi immigration du 26 janvier 2024, ces listes permettent notamment de déterminer, région par région, les métiers pour lesquels une autorisation de travail « salarié » ou « travailleur temporaire » peut être délivrée à un étranger sans papiers sans que ne puisse lui être opposée la situation de l'emploi, qui consiste à prouver que tout a été fait pour recruter localement. Une situation toutefois plus compliquée depuis la publication de la circulaire Retailleau du 23 janvier 2025, qui insiste sur le « caractère exceptionnel » que doit désormais revêtir cette voie de régularisation par le travail, qu’elle laisse au libre arbitre des préfectures.
« Nous dénonçons une politique d’exclusion et de précarisation des travailleurs étrangers qui ne fait que renforcer leur vulnérabilité », a immédiatement réagi la CFDT, pointant les fortes disparités entre les régions et l’absence de transparence quant aux critères retenus. « Certaines professions identifiées comme prioritaires lors des Crefop1 sont absentes des listes régionales définitives, en particulier en Normandie, Nouvelle-Aquitaine et Hauts-de-France », développe Lydie Nicol, secrétaire nationale CFDT chargée du dossier.
Les travailleurs sociaux et préfectoraux en première ligne
La CFDT dénonce également les impacts de cette politique sur les conditions de travail des agents dans les préfectures, les travailleurs sociaux et tous les travailleurs directement ou indirectement concernés par sa mise en œuvre. « Face à cette situation, nous exigeons l’inscription dans la loi de critères clairs et objectifs pour la régularisation des travailleurs sans papiers, sans dépendre d’une liste de métiers fluctuante et d’un examen discrétionnaire des préfectures, l’élargissement des conditions d’accès aux titres de séjour et la suppression de critères trop restrictifs, qui rendent la régularisation quasi impossible, ainsi qu’un suivi attentif de l’application de la circulaire dans les préfectures et un accompagnement renforcé des travailleurs concernés, conclut Lydie Nicol. L’urgence est celle de l’accueil digne et de l’intégration durable des travailleurs étrangers, et non une politique migratoire excluante et stigmatisante. »