Loger les agents, un défi public

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Une crise… et des innovations

Les agents de la fonction publique, défavorisés par un pouvoir d’achat en berne, connaissent des difficultés pour se loger. Un problème que le gouvernement avait commencé à prendre en compte à la fin 2023. Avant que la dissolution de l’Assemblée nationale ne stoppe tout.

Par Fabrice DedieuPublié le 01/03/2025 à 09h00

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© Michel Gaillard / RÉA

Chaque employeur a sa politique logement. C’est le cas dans la fonction publique. Mis à part un petit budget interministériel – pour aider les agents de l’État qui en ont le plus besoin à s’installer –, les ministères, les établissements hospitaliers ou encore les collectivités territoriales (communes, départements, régions) peuvent déployer leur propre politique.

Chacun y va de sa méthode pour favoriser le logement de ses agents. Comme pour le reste des travailleurs, les fonctionnaires rencontrent des difficultés à trouver des logements abordables à proximité de leur emploi. Un mal aggravé par la dégradation du pouvoir d’achat, ces dernières années, dans la fonction publique. Pourtant, l’urgence d’une politique commune se fait sentir.

“Dès 2021, nous pointions le fait qu’améliorer l’accès au logement des agents était un levier d’attractivité pour les fonctions publiques.”

Annick Bessat de la CFDT Fonctions publiques.

En 2023, le gouvernement de l’époque s’était mobilisé pour une politique d’ensemble plus cohérente. Dans une lettre envoyée au député David Amiel, en novembre 2023, la Première ministre Élisabeth Borne avait chargé ce dernier de faire un état des lieux et des propositions relatives au logement des agents. « Je souhaite mener le développement d’une véritable politique interministérielle de l’accès au logement des agents publics », écrivait-elle, soulignant qu’en plus du pouvoir d’achat et des conditions de travail, il y a un enjeu d’attractivité.

Inconnue budgétaire

Une initiative bienvenue, selon la CFDT Fonctions publiques. « Dès 2021, nous pointions le fait qu’améliorer l’accès au logement des agents était un levier d’attractivité pour les fonctions publiques », rappelle Annick Bessat, de la CFDT Fonctions publiques, chargée de ce dossier.

Les propositions du rapport, rendu en avril 2024, vont aussi, pour la plupart, dans le bon sens, comme le fait de « viser la construction d’un Action Logement du secteur public », ou encore que les agents du public aient le même niveau d’aides que les salariés du privé.

Concomitamment, le ministère de la Fonction publique a créé une direction interministérielle du logement. Des groupes de travail se sont réunis pour suivre l’avancée des travaux. Puis tout s’est interrompu à l’été 2024. « Cette direction devait avoir des moyens financiers et un directeur devait être nommé. Mais ça ne s’est jamais concrétisé. Avec la dissolution de l’Assemblée nationale et l’instabilité gouvernementale, le projet est à l’arrêt, constate Annick Bessat. Le nouveau ministre nous a assuré que les concertations reprendraient. »

Dans un contexte budgétaire tendu, les moyens financiers seront-ils toujours d’actualité ? « Si quelques préconisations du rapport Amiel peuvent être appliquées sans moyens supplémentaires, créer un Action Logement de la fonction publique nécessitera des crédits », estime Annick Bessat. Et de conclure : « Sans moyens, des actions se feront par-ci, par-là et, finalement, ça fera flop. Les agents méritent d’être mieux traités ! »