“L’Europe doit porter de toute urgence une stratégie industrielle”

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iconeExtrait de l’hebdo n°3952

La CFDT Métallurgie et la CFDT Chimie-Énergie ont pris part, le 5 février, à un grand rassemblement à Bruxelles pour alerter sur l’avenir incertain de l’industrie et de ses emplois. Une délégation a été reçue à la Commission européenne.

Par Sabine Izard— Publié le 11/02/2025 à 13h00

Au micro et à la tribune (le 5 février dernier, à Bruxelles), Christèle Khelf, secrétaire générale adjointe de la CFDT Métallurgie.
Au micro et à la tribune (le 5 février dernier, à Bruxelles), Christèle Khelf, secrétaire générale adjointe de la CFDT Métallurgie.© DR

Quelques milliers d’ouvriers venus de tous les pays d’Europe se sont rassemblés le 5 février à Bruxelles, à proximité des locaux de la Commission européenne, afin de réclamer des garanties quant à l’avenir de l’industrie et de ses emplois à l’appel de la confédération de syndicats IndustriAll. Issus de la sidérurgie, de l’automobile ou de la chimie, ils ont alerté sur la crise profonde que traverse l’industrie européenne.

« Nous nous trouvons dans un moment charnière, une situation économique qui ne cesse de se détériorer dans la plupart des pays européens, combinaison de facteurs économiques, sociaux, géopolitiques et environnementaux. Nous devons faire face à une désindustrialisation qui s’accélère. L’Europe doit porter de toute urgence une politique industrielle répondant aux défis des stratégies commerciales agressives au niveau politique, de la révolution numérique et de la transition écologique juste. Des secteurs entiers souffrent ; l’heure est grave pour l’industrie européenne », a ainsi souligné, à la tribune, Christèle Khelf, secrétaire générale adjointe de la Fédération générale des Mines et de la Métallurgie CFDT. « Il est temps que l’Europe se réveille. L’industrie européenne traverse une crise profonde », a de son côté fait savoir Judith Kirton-Darling, secrétaire générale d’IndustriAll. « Union européenne, réveille-toi ! », « Sauvez notre acier », pouvait-on lire sur les diverses pancartes…

Bientôt des plans d’action et d’urgence sectoriels ?

Une délégation syndicale a été reçue à la mi-journée à la Commission européenne, à quelques encablures de ce rassemblement, par les commissaires européens Stéphane Séjourné (Prospérité et stratégie industrielle) et Roxana Mînzatu (Droits sociaux et compétences, emplois de qualité et préparation à l’emploi). « La Commission européenne doit présenter le 26 février un pacte pour une industrie propre associé, dans les semaines ou les mois qui viennent, à des plans d’action et d’urgence sectoriels pour l’automobile, l’acier et la chimie. Nous souhaitons peser dans les débats », a expliqué Christèle Khelf, qui s’exprimait lors de cette entrevue au nom des fédérations de l’industrie de l’ensemble des organisations syndicales françaises affiliées à IndustriAll.

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À propos de l'auteur

Sabine Izard
Journaliste

Ces dernières dénoncent notamment des stratégies d’entreprise « focalisées sur la maximisation des marges opérationnelles à court terme », qui « ont fragilisé, voire détruisent l’industrie européenne ». « Il y a eu un accord sur l’urgence et la nécessité de préserver la capacité industrielle et les emplois. La Commission devrait porter la création d’un fonds d’urgence pour soutenir l’industrie européenne, poursuit Christèle Khelf. Nous avons également évoqué la question des transitions professionnelles et exigé que tout soutien à l’industrie soit assorti de conditionnalités sociales pour maintenir l’emploi. Nous aurons plus d’éléments de réponse dans le pacte industriel qui sera présenté le 26 janvier. L’exécutif européen a promis de faire de la compétitivité économique l’axe principal des cinq ans qui viennent. Mais nous craignons tous, vu la lourdeur de l’Europe, qu’il soit déjà trop tard… »