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Extrait de l’hebdo n°3945
Les résultats du 17e baromètre du Défenseur des droits confirment les difficultés auxquelles font face les seniors pour accéder à l’emploi et s’y maintenir après 50 ans. En cause notamment, des stéréotypes liés à leur âge.
Selon l’Insee, le taux d’activité des 55 ans et plus a presque doublé entre 1998 et 2021 et se stabilise désormais autour de 25 %. Derrière ce taux plutôt encourageant, se cachent pourtant des disparités bien réelles. Ainsi, la probabilité d’embauche de personnes de 50 ans et plus est deux fois moins élevée que pour les 30-49 ans ; en outre, seul un tiers des demandeurs d’emploi de 50 ans et plus retrouvent un poste. Pis, selon le 17e baromètre relatif à la perception des discriminations dans l’emploi – publié le 4 décembre par le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail –, un quart des personnes de 50 ans et plus déclarent avoir été victimes de discriminations en lien avec leur âge en 2024.
Des discriminations plus marquées au moment de l’embauche
« Dans le groupe où je travaille, on est directement mis au placard dès 57 ans », témoigne un des personnes sondées. « Lors d’un entretien, la personne à qui j’ai eu affaire m’a dit qu’elle me recevait parce que c’était la loi mais qu’elle savait, du fait de mon âge, que je ne serai pas choisie », raconte une autre.
Ces situations de discrimination « surviennent de façon plus marquée au moment de l’embauche après une rupture professionnelle », constate le rapport. Un quart des seniors au chômage déclarent par exemple qu’on leur a déjà fait comprendre qu’ils étaient trop âgés pour le poste lors de l’entretien de recrutement. « Après plusieurs entretiens, on m’a indiqué que, compte tenu de mon âge, travailler à 50 km de mon domicile serait trop fatigant », dénonce ainsi un sondé.
Des stéréotypes en partie intériorisés par les victimes
Selon le Défenseur des droits, les discriminations subies par les seniors s’expliquent en partie par des stéréotypes et des représentations attachés à l’âge, qui restent très prégnants dans le monde professionnel – même si l’expérience, le savoir-faire et la conscience professionnelle sont des atouts reconnus et plus souvent attribués aux actifs de 50 ans et plus. Ainsi, près d’un actif sur deux considère que les seniors sont dépassés par les nouvelles technologies ; quatre actifs sur dix jugent que les seniors ont une santé fragile et sont plus difficiles à intégrer au sein d’équipes plus jeunes ; un tiers des actifs évoquent le coût élevé des seniors pour les entreprises et le fait que ces derniers manquent de dynamisme. « Ces discriminations contribuent à renforcer leur isolement, dégradent leur santé mentale et [peuvent] conduire à des ruptures », poursuit le rapport.
L’emploi des seniors, sujet de dialogue social
« Le retard français en matière d’emploi des seniors est ancien », rappelait Marylise Léon lors d’une table ronde sur le thème « Quels leviers pour lutter contre les discriminations dans l’emploi vécues par les personnes de plus de 45 ans ? », organisée par le Défenseur des droits le 4 décembre à Paris. « Développer la négociation, faire de l’emploi des seniors un sujet de dialogue, c’est un moyen de faire évoluer les mentalités des deux côtés, employeurs comme salariés, a poursuivi la secrétaire générale de la CFDT. Concernant l’organisation des fins de carrière, c’est ce que nous avons fait en négociant et en signant un accord interprofessionnel relatif à l’emploi et au travail des seniors qui élargit l’accès à la retraite progressive, crée une nouvelle négociation obligatoire sur l’emploi et le travail des seniors et instaure deux entretiens professionnels à 45 et 60 ans… »