Les partenaires sociaux marquent les Jeux de leur empreinte sociale

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iconeExtrait de l’hebdo n°3930

Il y a six ans, les organisations syndicales françaises et le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) signaient la Charte sociale Paris 2024 – un texte aux ambitions sociales, environnementales et durables fortes. Avec quels résultats ? L’heure est au bilan.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 27/08/2024 à 12h00

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© Ludwig Wallendorff/RÉA

Seize médailles d’or, vingt-six médailles d’argent et vingt-deux médailles de bronze : voilà pour le bilan sportif de la délégation française aux JO de Paris 2024. Si la grande fête mondiale du sport est, de l’avis de tous, une réussite, elle le doit surtout aux milliers de travailleurs et de travailleuses impliqués en amont et durant la quinzaine sportive passée. Au total, le secteur de la construction aura mobilisé 30 000 travailleurs, celui du tourisme 61 800, quand l’organisation de l’évènement en lui-même a concerné 90 000 personnes (sécurité, restauration, nettoyage…). Beaucoup d’entre elles sont d’ailleurs encore pleinement mobilisées afin d’assurer le bon déroulement des Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre).

« Nous étions face à un grand défi logistique mais surtout social, rappelle Luc Martinet, chargé du suivi de la Charte sociale Paris 2024 pour la CFDT. Un défi que nous avons su relever. La Charte a constitué un outil précieux et une véritable innovation. »

Seize engagements pour laisser un héritage social fort

Au total, ladite charte prévoyait seize engagements. Certains visaient à favoriser l’insertion par l’activité économique, d’autres à privilégier l’embauche de publics éloignés de l’emploi ou encore à renforcer la sécurité des personnels sur les chantiers… et surtout « laisser un héritage social fort dans une démarche de développement humain et durable ». Concrètement, cela a obligé les entreprises ayant obtenu des marchés publics à intégrer dans leurs cahiers des charges des critères sociaux et à s’engager à mettre au cœur de leurs pratiques l’emploi de qualité, les conditions de travail et la lutte contre le travail illégal. « Cela nous a permis d’être en position de veille, de prévention et d’alerte », résume Luc Martinet.

1. Société de livraison des ouvrages olympiques.

Parmi les engagements, il y avait le fait de réserver 10 % des heures de travail (2,4 millions au total) à des publics éloignés de l’emploi. Au 10 juin, et d’après les données de la Solideo1, ce total dépassait les 3 millions (+ 25 %).

Autre motif de satisfaction pour la CFDT : la sécurité et l’amélioration des conditions de travail ont permis de diviser par quatre l’accidentologie sur les chantiers olympiques. « Nous avons pu suivre l’avancement des travaux, organiser une présence syndicale et échanger avec les différentes entreprises en cas de nécessité ou de dysfonctionnement », explique Luc Martinet.

Toujours selon les données fournies par la Solideo, l’engagement consistant à favoriser l’accès des marchés aux TPE et PME et aux structures de l’économie sociale et solidaire a également été respecté. Ainsi, 782 millions d’euros de marchés (soit 35 % du total) ont été engagés auprès de 2 576 TPE-PME et 115 structures de l’économie sociale et solidaire (l’objectif initialement fixé était égal à 25 %…).

Les regards sont tournés vers les Jeux d’hiver de 2030

Un bémol, toutefois : à quelques jours de la cérémonie d’ouverture, le 23 juillet dernier, la F3C CFDT (Fédération Communication, Conseil, Culture) et l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la branche des entreprises artistiques et culturelles avaient alerté sur des inégalités de traitement entre les performeurs. Elles avaient dû appeler au respect des règles de la convention collective en matière de prise en charge de grands déplacements des artistes, et ce, « suite au conflit entre les artistes, Paname 24 et Paris 2024 ».

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Il y aura un avant et un après Paris 2024. On ne pourra plus envisager d’organiser ce type d’évènement sans prendre en compte la dimension sociale et sans que les syndicats y soient associés ; en France, bien sûr, et, autant que possible, dans le reste du monde, affirme Luc Martinet. Les questions sociales et les conditions de travail ne sont pas de simples suppléments d’âme. Elles répondent aux préoccupations des populations qui sont de plus en plus attentives aux conditions dans lesquelles se déroulent ces évènements. » Les regards sont d’ores et déjà tournés vers les Jeux olympiques d’hiver de 2030, qui se dérouleront dans les Alpes françaises.