Les droits des travailleurs reculent partout dans le monde

temps de lectureTemps de lecture 4 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3924

La Confédération syndicale internationale (CSI) tire la sonnette d’alarme et alerte au sujet des menaces qui pèsent sur les droits des travailleurs.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 18/06/2024 à 12h00

image
© CSI

Le constat de l’Indice CSI des droits dans le monde 2024, publié le 12 juin, est sans appel : sur tous les continents, les pressions s’accentuent à l’encontre des militants syndicaux et de leurs organisations. « Nous assistons partout à des attaques incessantes à l’encontre des libertés civiles, des droits du travail et des intérêts des travailleurs et des travailleuses, déplore Luc Triangle, secrétaire général de la CSI. Lorsque leurs droits sont bafoués, c’est la démocratie elle-même qui est en péril. La démocratie, les syndicats et les droits des travailleurs vont de pair ; il est impossible d’avoir l’un sans l’autre. Les travailleurs sont le cœur battant de la démocratie, et leur droit d’être entendus est essentiel pour garantir la santé et la durabilité des systèmes démocratiques. »

En Europe aussi, les droits des travailleurs reculent

Concrètement, ce nouveau rapport révèle que les droits et les libertés syndicales ont régressé dans 149 des 151 pays étudiés par la CSI. L’Europe, plutôt bonne élève jusqu’à présent, n’est pas épargnée. Alors qu’elle est encore souvent citée en exemple, on y observe « le recul le plus important de toutes les régions du monde au cours des dix dernières années ». L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite et ses attaques répétées contre les travailleurs, que ce soit en Finlande, en Italie ou en Hongrie, expliquent en partie ce terrible constat.

La Finlande se trouve d’ailleurs sur la liste peu glorieuse des treize pays qui ont vu leur indice CSI se dégrader entre 2023 et 2024 ; parmi ces derniers, il y a l’Arabie saoudite, le Costa Rica, la Fédération de Russie, Israël, le Kirghizistan, Madagascar, le Mexique, le Nigeria, le Qatar, le Soudan, la Suisse et le Venezuela.

Aucun “effet coupe du monde” au Qatar

Toujours selon les données de la CSI, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord demeurent les pires régions du monde pour les travailleurs et les travailleuses. Le Nigeria, le Qatar, le Soudan et l’Arabie saoudite, pays précédemment cités, ont vu leur indice CSI des droits dégringoler. Est en outre confirmé que l’effet coupe du monde de football n’a eu aucun impact sur le droit du travail qatari. Le rapport révèle par ailleurs que 74 % des pays ont fait obstacle à la création de syndicats, que le droit de grève a été bafoué dans 87 % d’entre eux et la négociation collective dans 79 %… quand les syndicats ne sont pas purement et simplement réprimés voire interdits.

Quand le militantisme conduit à la mort

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Des syndicalistes et des travailleurs ont été placés en détention dans 74 pays et ont subi des violences dans 44 d’entre eux. À travers le monde, l’engagement syndical a coûté la vie à 22 syndicalistes (notamment au Bangladesh, en Colombie, au Guatemala, au Honduras et aux Philippines).

Face à cette situation catastrophique, le mouvement syndical international rappelle sa détermination à agir : « Notre travail est aujourd’hui plus important que jamais. Nous poursuivons notre combat. Nous sommes les principaux militants, défenseurs et figures de la lutte pour les valeurs démocratiques, que nous exerçons chaque jour afin de construire un monde plus juste et plus sûr pour tous et toutes. »