Le dialogue social, un accélérateur de la transition écologique ?

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iconeExtrait de l’hebdo n°3926

Le colloque co-organisé par la CFDT le 25 juin dernier pointe la nécessité d’englober l’ensemble des acteurs de l’emploi et du travail dans les mutations liées à la transition écologique. Sans dialogue social multiparties prenantes, la transition n’aura pas lieu.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 02/07/2024 à 12h00

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Comment renforcer la coopération entre partenaires sociaux et ainsi relever les défis écologiques et environnementaux ? Parce que la transition écologique est l’affaire de tous, la CFDT, Entreprises pour l’environnement (EpE) et l’Observatoire du dialogue social ont choisi de réunir l’ensemble des acteurs du dialogue social (responsables RH et RSE, responsables syndicaux et élus CSE, acteurs de la formation et de la reconversion professionnelle…) en vue de croiser les expertises et les retours d’expériences terrain.

1. Émissions de gaz à effet de serre.

Sur la place du dialogue social, il y a d’abord un constat partagé. « Il existe aujourd’hui un corpus législatif et réglementaire dense en matière de transition écologique avec des obligations environnementales internationales, européennes et nationales pour les entreprises, les secteurs, les territoires », analyse Fabien Guimbretière, secrétaire national chargé des questions de dialogue social et de transition écologique. Pourtant, sur le terrain, les actions mises en œuvre relèvent surtout de la mise en conformité (un audit énergétique réalisé dans telle entreprise, un rapport sur les EGS1…) ou, dans le meilleur des cas, un plan d’action lorsqu’on est au pied du mur. « On arrive très vite à un plafond de verre en matière de transformation écologique, que seul le dialogue social nous permettra de dépasser », poursuit-il.

Embarquer tous les acteurs

Cela implique néanmoins une double obligation : identifier et prioriser les plans d’action pour transformer les activités ainsi que les emplois et les compétences ; embarquer les travailleurs, souvent les premiers à subir les conséquences des transformations rendues nécessaires par l’urgence écologique. « Si on ne met pas leurs préoccupations au cœur des discussions, on freine la transition ! En cela, oui, les salariés sont des accélérateurs de la transition écologique », estime la CFDT.

Tous les acteurs doivent donc être mobilisés pour faire avancer ce dialogue social. « On reproche souvent à l’ANI de 2023 [relatif au dialogue social et à la transition écologique] de ne pas avoir créé plus de droits, plus d’obligations. Mais les limites de l’accord ne doivent pas nous aveugler quant à son potentiel, alerte la CFDT. Il existe dans les branches et les entreprises des voies permettant de s’engager avec d’autres organisations syndicales et patronales. »

Des accords innovants

Par exemple, l’accord Éram canicule, signé avec la CFTC, offre une adaptation des horaires et des conditions de travail en cas de chaleur extrême afin de remédier au problème de l’absence de température maximale légale. « Mais il existe aussi de nouvelles formes d’engagement, avec les réseaux de militants qui embarquent les adhérents sur des plans d’action, résume Anne-Juliette Lecourt, secrétaire confédérale. Chez Engie Green, la CFDT a signé un accord qui découle directement de l’ANI et des propositions portées par les Sentinelles vertes. »

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À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Citons, parmi les mesures principales, la participation des représentants des salariés et du CSE à la réalisation du plan d’action relatif à la décarbonation et à la mobilité, une incitation à la flexibilité des horaires de travail pour favoriser le train bas carbone et la limitation des trajets avec un accès aux temps de formation en visio. D’expériences terrain il aura longuement été question tout au long de l’après-midi, qu’il s’agisse des échanges en plénière mais aussi lors des ateliers sur l’attractivité des métiers et l’évolution des compétences. Une manière de montrer qu’en matière de dialogue social, on ne part pas de rien… mais que le plus gros reste à faire.