Le cyclone Chido dévaste Mayotte

« C’est le chaos, c’est indescriptible », résume Ousseni Balahachi, le secrétaire général de la CFDT Mayotte, deux jours après que des rafales allant jusqu’à 250 kilomètres/heure ont frappé ce territoire ultramarin de 376 km² situé dans l’océan Indien. Détruisant presque tout sur son passage, le cyclone Chido laisse place à des paysages de désolation. Le premier bilan (il faisait état d’une quinzaine de victimes) devrait malheureusement être rapidement revu à la hausse dans les heures et les jours à venir. « Je pense qu’il y a plusieurs centaines de morts, peut-être approcherons-nous le millier », déclarait, le 15 décembre, François-Xavier Bieuville, le préfet de Mayotte, sur le plateau de la chaîne de télévision publique mahoraise.

Des dizaines de milliers d’habitations – dont les milliers d’habitations de tôles et de bois insalubres des bidonvilles qui clairsèment l’île – ont par ailleurs été rayées de la carte, laissant des milliers de Mahoraises et de Mahorais sans solution d’hébergement. Une urgence parmi tant d’autres, alors que l’île faisait déjà face depuis plusieurs mois à de graves difficultés d’approvisionnement en eau. « La CFDT Mayotte décrit une situation de chaos sans précédent sur l’île », explique Béatrice Lestic, secrétaire nationale de la CFDT, saluant au passage « les agents des services publics ainsi que les salariés du secteur privé » mobilisés pour secourir, protéger et soutenir les populations.

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est la faim, confiait la sénatrice de Mayotte, Salama Ramia, sur les ondes de France Info. Les communes ont mis à disposition des centres d’hébergement mais, depuis ce week-end, il y a des gens qui n’ont eu ni à manger ni à boire. »

Les regards sont également tournés vers le système de santé local, traditionnellement soumis à de fortes pressions ; celui-ci va devoir faire face à un afflux massif de patients. Le récent discours de la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, sur France Télévisions, confirmait une tendance inquiétante. La situation est « très dégradée, avec un hôpital très endommagé et des centres médicaux également, qui sont inopérants […]. L’hôpital a subi des dégâts des eaux importants ainsi que des dégradations, notamment dans la partie chirurgie, réanimation, urgence, maternité ; donc des parties essentielles au fonctionnement de l’hôpital. Malgré cela, il continue de tourner, de façon dégradée ».

« Il faut que tous les moyens humains et financiers soient mobilisés pour venir en aide aux habitants de Mayotte, poursuit Ousseni Balahachi, à très court terme, mais aussi sur le long terme pour que nous puissions prendre un nouveau départ. S’il faut d’abord parer aux urgences, nous ne perdons pas de vue nos ambitions pour le territoire. » Cette catastrophe vient en effet rappeler avec violence le manque d’investissements et les inégalités que subit la population mahoraise depuis de nombreuses années, notamment en matière d’accès à des services publics de qualité. Le syndicaliste alerte par ailleurs sur les risques sanitaires encourus par la population, qui pourraient s’actualiser rapidement si aucune mesure exceptionnelle comme l’envoi de personnels soignants n’était prise rapidement.