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Extrait de l’hebdo n°3944
Les tensions observées ces derniers mois chez l’opérateur télécom ont incité la CFDT à demander en urgence une réunion multilatérale (elle devrait se tenir le 11 décembre). Elle réitérera ses propositions d’ouverture d’une négociation QVCT pour 2025 et de mise en place d’une politique de prévention du risque suicidaire.
C’est peu dire que le feu couve chez Orange. La mise en œuvre d’une politique de transformation profonde de l’opérateur télécom – conduite par la directrice générale Christel Heydemann – s’accompagne de tensions sociales exacerbées. La survenue de plusieurs suicides ces derniers mois (huit pendant l’année 2024) ravive de douloureux souvenirs chez les salariés de l’ex-France Télécom, même si la situation n’est pas comparable. « Je ne veux pas comparer les deux périodes, il y a trop d’éléments différents, explique Olivier Berducou, délégué syndical central CFDT chez Orange. Nous ne sommes pas dans un système de harcèlement institutionnalisé. Cependant, il y a de gros dysfonctionnements. On nous remonte des situations locales telle celle où un salarié s’est vu remettre une lettre préalable à un entretien de licenciement le jour de son retour d’arrêt maladie. On voudrait que le collègue fasse quelque chose de dramatique, on ne s’y prendrait pas autrement ! »
Le nécessaire traitement des cas urgents
1. Qualité de vie et des conditions de travail.
Dans ce contexte extrêmement tendu, la CFDT a pris les devants en demandant la tenue d’une réunion multilatérale afin d’examiner la situation. Le 11 décembre prochain, elle présentera donc ses deux revendications principales : l’ouverture d’une négociation QVCT1 au premier trimestre 2025 et la mise en place d’une politique de prévention du risque suicidaire, « qui pourrait faire partie d’une politique plus globale de prévention des risques psychosociaux, précise Olivier. Par ailleurs, il nous faudrait un process pour traiter les cas urgents ».
En ce qui concerne la négociation QVCT, la CFDT souhaite attendre les résultats de l’enquête triennale portant sur les conditions de travail et le stress, un dispositif mis en place depuis 2010 après la période des drames chez France Télécom. Entamée le 2 décembre, l’enquête doit se poursuivre pendant tout ce mois.
Trop de changements en peu de temps
Les militants CFDT le savent déjà, la profonde réorganisation du groupe a incontestablement joué dans l’accélération de la dégradation du climat social et l’augmentation du stress parmi les salariés. L’arrêt de certains projets pour en lancer d’autres sur de nouvelles technologies, la transformation de certaines unités (chez Orange Business, par exemple, où un plan de départs volontaires est en cours), les changements de métiers demandés aux salariés, les déménagements et changements de sites, etc., « ça fait beaucoup de paramètres à gérer en même temps pour les salariés… trop de paramètres, en fait », dénonce Olivier.
Et pour ne rien arranger, le leader de la CFE-CGC chez Orange ne cesse de mettre de l’huile sur le feu. Il conteste, invective et attaque sans réserve les autres organisations syndicales et leurs militants. « Dans cette situation compliquée, les salariés ont au contraire besoin d’organisations syndicales unies et responsables. »