La section a su maintenir le cap et assurer la meilleure sécurité possible aux salariés MLP, Face aux difficultés successives de l'entreprise. Un combat récompensé dans les urnes… et par le nombre d'adhérents

Pour Bruno Viero, « on ne pourra pas dire que cela aura été un mandat de tout repos. Objectivement, je pense qu’on a tout eu », ironise l'élu, délégué du personnel CFDT depuis 2014. Il faut dire qu’aux Messageries Lyonnaises de Presse (MLP), la vie militante n’est pas un long fleuve tranquille. Dans le petit monde de la distribution de presse écrite, MLP, qui se partage le marché avec Presstalis, a toujours prôné son indépendance face à son concurrent. Mais les difficultés qui touchent la filière depuis plusieurs années obligent la section à perpétuellement chercher le juste équilibre. « S’adapter aux évolutions du secteur, tout en maintenant les acquis des salariés obtenus en 70 ans de vie sociale dans l’entreprise, est une préoccupation permanente », confie Françoise Zilber, déléguée syndicale centrale (DSC). « La succession d’événements impactant les salariés de l’entreprise nous a donné l’occasion de mettre cette maxime en pratique ».
Informer, expliquer, consulter les salariés
En proie à une crise structurelle, le secteur de la distribution de presse doit se réinventer. Une proposition de loi attendue courant 2018 vise à réformer la loi Bichet qui régule l’activité de la filière depuis 1947. Objectif affiché : corriger les déséquilibres économiques du secteur, aujourd’hui structuré autour de deux entités (MLP et Presstalis). Depuis fin 2017, les représentants CFDT de MLP, la Fédération Communication, Conseil, Culture (F3C) et la Confédération travaillent ensemble afin que cette réforme donne des perspectives à tous les acteurs et permette l’adaptation du secteur. « Les exigences de libre diffusion de la presse et d’égalité d’accès à l’information, fondements de la loi Bichet, doivent être respectées. La CFDT appelle à un état des lieux partagé et à une analyse concertée des déséquilibres », analyse Augustin Bourguignat, secrétaire confédéral référent sur ce dossier. Une enquête parlementaire sur les difficultés chroniques de Presstalis, « maintenu sous perfusion d’aides de l’État depuis une vingtaine d’années » selon la F3C, est notamment demandée. |
Début 2015, la société conclut un traité d’apport partiel d’actifs qui se traduit dans les faits par une filialisation de MLP. Si cette opération juridique peut au premier abord sembler indolore pour les salariés, le changement de statut qui en découle pour l’entreprise oblige celle-ci à revoir tous les accords sociaux, ainsi que la convention collective. Un travail titanesque pour les élus qui vont s’attacher à défendre les droits de chacun. Entre deux séances de négociation, les élus informent, expliquent, consultent les salariés… Pas toujours facile dans cette entreprise qui tourne en 3x8. La démarche est d’autant plus appréciée des salariés, surtout dans les ateliers. « Il était très important pour nous de casser ce fonctionnement en silo en privilégiant une approche mixte, où les élus vont à la rencontre des salariés qui ne sont justement pas issus de leur service. Cela permet de mieux comprendre la diversité des attentes et de construire des propositions qui parlent à tous et rassemblent les salariés. Notre tronc commun, c’est l’équité des droits », explique Sophie Guichard, élue déléguée du personnel. Dans le même temps, le changement de statut impose la tenue de nouvelles élections professionnelles en 2016. La participation exceptionnelle des salariés (95 %) marque la reconnaissance du travail des élus et profite largement à la CFDT qui renforce sa place de première organisation syndicale (63 %), loin devant la CFTC (19 %), FO (15 %) et la CGT (3 %). L’euphorie sera pourtant de courte durée. En 2017, face aux difficultés financières, l’entreprise lance un plan de départs volontaires. « Un coup de massue pour beaucoup de salariés », se souvient Fabienne Cordova, élue au comité central d’entreprise. Là encore, les élus ne vont pas compter leurs…