Justice des mineurs : casse sociale au cœur de l’été

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iconeExtrait de l’hebdo n°3930

Fin juillet, 500 éducateurs, psychologues et assistants sociaux dédiés à l’accompagnement des mineurs en difficulté ont appris que leurs contrats ne seraient pas renouvelés après le 31 août 2024. Quatre organisations syndicales se mobilisent et appellent collectivement à une nouvelle journée de grève le 29 août.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 27/08/2024 à 12h00 et mis à jour le 29/08/2024 à 08h34

Banderoles sur la façade d’un service de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à Alençon (Orne / Normandie), dont les personnels sont fortement mobilisés à la suite de la perte de plusieurs postes de contractuels non renouvelés…
Banderoles sur la façade d’un service de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à Alençon (Orne / Normandie), dont les personnels sont fortement mobilisés à la suite de la perte de plusieurs postes de contractuels non renouvelés…© DR - CFDT

L’annonce, en pleins congés d’été, a pris tout le monde de court. Le 31 juillet, la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) informait les personnels que plusieurs centaines de contrats à l’échelle nationale ne seraient pas renouvelés après le 31 août, sans autre forme d’explication. Du jamais vu à la PJJ, instance chargée de l’accompagnement des 130 000 mineurs en danger ou en conflit avec la loi.

1. CFDT Interco Justice, SNPES-PJJ-FSU, CGT-PJJ et Unsa-SPJJ.

« C’est une casse sociale sans précédent qui met l’institution en grande difficulté, dénonce Éric Achard, secrétaire fédéral CFDT Interco Justice. On a l’impression que l’on est en train de payer des approximations de gestion. » Mobilisées dès le début en intersyndicale, les organisations représentatives de la PJJ1 ont tenté d’obtenir des réponses et des solutions auprès du ministère de la Justice, dont dépend l’institution. Reçues le 6 août dernier par le garde des Sceaux, elles ont d’ailleurs obtenu de ce dernier un dégel de 3 millions d’euros permettant de « résoudre en grande partie les difficultés de renouvellement de contrats auxquelles la PJJ est confrontée », précisaient-elles dans un communiqué.

“On ne s’attendait à rien mais on est quand même déçus”

Mais la directrice de la PJJ, rencontrée quelques jours plus tard, n’entend rien lâcher et confirme son plan social, « balayant d’un revers de main les décisions ministérielles et ajoutant sans sourciller qu’il appartiendra aux organisations syndicales de lui faire remonter les situations problématiques », poursuit l’intersyndicale. « On ne s’attendait à rien mais on est quand même déçus, » lâchent les syndicats à l'issue de la rencontre.

Au cœur de l’été, une première journée de grève était organisée le 14 août, mobilisant 12,7 % de l’effectif de la PJJ (selon les chiffres du ministère). Sur tout le territoire, les personnels ont fait part de leur écœurement devant la brutalité de l’annonce et de ce que représentent ces non-remplacements pour des mineurs déjà en situation d’extrême fragilité. Tous s’inquiètent en effet de la dégradation inévitable des conditions d’exercice de leurs missions mais aussi de la qualité de l’accompagnement éducatif des 130 000 jeunes qu’ils suivent.

Une nouvelle mobilisation le 29 août

Avec ces suppressions de postes, c’est tout le volet éducatif qui risque d’être sacrifié – car les contractuels concernés par le plan social constituent le gros des équipes de terrain de la PJJ. À un moment où Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire, répète à l’envi sa volonté d’un retour à l’autorité contre les jeunes délinquants, le risque est grand de ne voir subsister que le volet législatif et répressif…

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Les organisations en intersyndicale ont décidé d’une nouvelle journée de mobilisation le 29 août prochain. De son côté, le ministère de la Justice indique qu’un point intermédiaire sera fait sur la situation à la fin août, avec notamment les résultats de la mission flash diligentée au début du mois.