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Extrait de l’hebdo n°3904
Comme la plupart des pays européens, la France observe un ralentissement de sa natalité et un vieillissement de sa population. Ce problème, mis en avant par le président de la République lors de sa grande conférence de presse, est un vrai sujet – pour la pérennité de notre système social, notamment, qui mérite une analyse approfondie et des politiques publiques coordonnées afin d’essayer d’y répondre. Pour l’heure, la réponse du gouvernement tient dans la proposition d’un plan contre l’infertilité… Mais est-ce vraiment là le principal enjeu ?
Aujourd’hui, en France, l’âge des femmes ayant leur premier enfant est en moyenne de 31 ans. Faut-il s’en étonner ? L’allongement de la scolarité des jeunes poursuivant des études supérieures, l’enchaînement des contrats courts à l’entrée des jeunes sur le marché du travail et la crise du logement qui, tout d’abord, frappe ces derniers sont autant d’éléments qui retardent l’engagement dans un projet familial.
Faut-il s’étonner, de la même manière, d’un taux de natalité aujourd’hui inférieur à 1,80 quand les inégalités salariales pèsent autant sur les carrières des femmes, jusqu’à atteindre un écart moyen de 30 % entre une mère et un père de trois enfants ? La maternité ralentit la carrière professionnelle des femmes quand la paternité est valorisée pour les hommes ! Les difficultés croissantes lorsqu’il s’agit de trouver un mode de garde après l’arrivée de l’enfant constituent un frein supplémentaire.
Répondre aux enjeux démographiques suppose des politiques ambitieuses qui tiennent compte de tous leurs aspects. L’État a bien entendu un rôle central à jouer en ce qui concerne les politiques de logement, d’accueil de la petite enfance, de santé et d’accompagnement social. Les employeurs ne peuvent se dédouaner de toute responsabilité sociale et sociétale. Ils doivent s’engager afin de réduire la précarité, atteindre l’égalité professionnelle, améliorer la conciliation entre vie pro et vie perso. Et la question démographique mérite mieux qu’une opération de communication. Faute de quoi, l’injonction à faire des enfants risque d’être totalement stérile.