ExxonMobil, le PSE est signé

temps de lectureTemps de lecture 3 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3936

Depuis l’annonce de la direction d’ExxonMobil, le 11 avril 2024, de la suppression de 677 emplois directs, les organisations syndicales étaient sur le qui-vive. Le PSE – révisé par la direction à la demande des services de l’État – vient d’obtenir la signature, par dépit, de deux organisations syndicales majoritaires.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 08/10/2024 à 12h00

image
© Pierre Gleizes/RÉA

Serait-ce la fin des turbulences pour les salariés d’ExxonMobil en France ? Après des mois de mobilisation, deux syndicats (CFDT et CFE-CGC) ont choisi de signer le plan de sauvegarde de l’emploi, validant de fait ce dernier. Le 11 avril, la direction du géant pétrolier avait annoncé la vente de sa raffinerie de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône / Paca) et la fermeture de plusieurs unités pétrochimiques dans celle de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime / Normandie) avec, à la clé, la suppression de 677 emplois (dont 647 à Port-Jérôme).

1. Direction régionale et interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.

Après trois mois de négociation et une direction visiblement « peu encline à prendre en considération les propositions des représentants du personnel », estimait alors la CFDT Chimie-Énergie, l’intersyndicale rejetait, début août, le plan de sauvegarde de l’emploi présenté par la direction. Le document unilatéral dévoilé dans les jours suivants avait, quant à lui, été retoqué par les services de l’État, qui sommaient la filiale française de revoir les mesures d’accompagnement proposées aux salariés… jugées trop faibles. « Il apparaît nécessaire de revoir le calendrier d’information et de consultation afin de permettre un échange sur l’amélioration des mesures avec les instances représentatives du personnel », écrivait alors la Drieets1.

Signature d’usure : le choix de l’humain

2. Comité social et économique central.

Une nouvelle version du plan social a donc été présentée le 20 septembre dernier en CSEC2 sans réellement convaincre la FCE-CFDT, laquelle dénonce le « comportement cynique » de la direction, qui s’apparente à un « chantage à la signature ». Sur le site normand, la tension est telle que la CFDT choisit de consulter les salariés. Sur les 400 personnes interrogées, 80 % se déclarent en faveur du PSE. Trois jours après la CFE-CGC, premier syndicat à décider de signer l’accord, la CFDT d’ExxonMobil se range à l’avis de la majorité des salariés. « Il n’y a aucune gloire ni aucune victoire à signer cet accord honteux obtenu par un chantage froid, mécanique et inhumain », tempère la CFDT d'ExxonMobil dans un tract.

Certes, l’accord permet aux salariés travaillant de nuit de partir à la retraite dix ans avant la date prévue par la loi, quand le document originel de la direction d’ExxonMobil ne prévoyait que sept ans… Ce dispositif permet d’éviter 110 licenciements. « Ce n’est pas par adhésion mais on a pris la décision la moins mauvaise, notamment en ce qui concerne les départs en préretraite, poursuit Alan Droniou, le coordinateur CFDT. Beaucoup de salariés étaient usés depuis le 11 avril. Le temps est venu de les soulager. Aussi prenons-nous notre responsabilité en signant un document mentionnant le nombre de postes supprimés. »

Le désengagement du groupe pétrolier en France

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Plus globalement, la coordination CFDT du groupe voit dans la stratégie d’ExxonMobil le début d’un désengagement du groupe américain de la France et de l’Europe. « Le désengagement d’ExxonMobil dans ses politiques internes sur la plateforme présage en effet une opportunité de vente, à l’image de ce qui s’est passé pour la raffinerie de Fos-sur-Mer. La région n’a pas besoin d’une nouvelle catastrophe industrielle ! »