Temps de lecture 4 min
Extrait de l’hebdo n°3929
Le Syndicat national CFDT des médias et de l’écrit condamne fermement les menaces de mort émanant d’un site d’extrême droite contre des journalistes et des syndicalistes. Avec la CFDT-Journalistes, il demande que soient prises les mesures juridiques qui s’imposent pour les protéger.
Cela dépasse l’entendement. Le site internet d’extrême droite Réseau libre a publié une liste de 180 « candidats à une balle dans la nuque ». Parmi ceux-ci, des personnalités politiques et de la société civile, des journalistes – dont deux adhérents à la CFDT – et des syndicalistes : tous avaient signé en octobre 2023 une tribune demandant au gouvernement de « protéger, pour tous les médias, le libre exercice de leur mission d’information ».
Ce site, hébergé en Russie, multiplie les incitations à la haine depuis plusieurs années déjà, comme le révèle une enquête mise en ligne le 18 juillet par Disclose, dont plusieurs membres et collaborateurs sont visés. Selon Disclose, bien que son administrateur se trouve en Russie, Réseau libre compterait pas moins de 800 membres dispersés en France et en Europe. De quoi alimenter copieusement la fachosphère en contenus similaires.
Le 3 juillet, le site d’extrême droite a étendu sa liste aux 97 avocats signataires d’une tribune (publiée juste avant les élections législatives anticipées) intitulée « Avocats, nous nous constituons en brigade du droit contre le Rassemblement national ». Réseau libre les a désignés comme constituant une « Liste (très partielle) d’avocats à éliminer ».
« Ces pourritures se sont constituées en “brigade du droit contre le Rassemblement national” », peut-on lire sous une image d’archive montrant un condamné à mort que l’on conduit à la guillotine. Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, a condamné « ceux qui veulent la mort de nos libertés » et diligenté une enquête préliminaire. Le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) du parquet a été saisi pour menaces de mort envers avocats et cyberharcèlement. Depuis, le site est inaccessible.
“Ne rien laisser passer”
C’est à la faveur de ces sinistres contenus dirigés contre des avocats que l’appel à mettre « une balle dans la nuque » des journalistes a été découvert. Nombre d’entre eux ont déjà porté plainte. Ces faits ne doivent pas rester impunis, exige l’intersyndicale des journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, FO, avec les Fédérations internationale [FIJ] et européenne [FEJ] des journalistes). La CFDT-Journalistes invite les victimes « à ne rien laisser passer » et demande à tous ceux qui seraient pris à partie de lui remonter les informations. Depuis plusieurs semaines, elle alerte : « Les journalistes n’ont pas à pâtir de la violence qu’engendre la situation politique de notre pays. Et face aux menaces, injures et agressions, ils ne doivent pas rester seuls. »