En finir avec les assassinats de journalistes à Gaza

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iconeExtrait de l’hebdo n°3931

Dans un courrier cosigné par 60 organisations de journalistes, dont la CFDT Journalistes, le Comité pour la protection des journalistes demande à l’Union européenne de prendre des sanctions contre l’armée israélienne, qui empêche le travail des journalistes dans la bande de Gaza.

Par Claire Nillus— Publié le 03/09/2024 à 12h00

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© Saeed Jaras/MEI-RÉA

À l’instar de la Fédération internationale des journalistes, qui a recensé la mort d’au moins 137 journalistes et professionnels des médias (source RSF) depuis le 7 octobre 2023, le CPJ (Comité pour la protection des journalistes) dénonce ce qu’il considère comme « la période la plus meurtrière pour des journalistes depuis des décennies ».

Dans une lettre conjointement adressée, le 26 août dernier, à Josep Borrell Fontelles, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, ainsi qu’aux ministères des Affaires étrangères des États membres de l’Union européenne, le CPJ demande que des mesures soient prises « contre l’assassinat sans précédent de journalistes et d’autres violations de la liberté des médias par les autorités israéliennes ».

L’assassinat de journalistes, un crime de guerre

Si les accès à la bande de Gaza sont limités et les conditions de reportage désastreuses, comme c’est souvent le cas en temps de guerre, le CPJ rappelle que les assassinats de journalistes, qu’ils soient commis délibérément ou à l’aveugle, constituent un crime de guerre. Il souligne également que seuls les journalistes sélectionnés par Israël ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza, toujours sous escorte militaire et avec des restrictions concernant leurs reportages, et ce, qu’il s’agisse de ressortissants étrangers ou de journalistes israéliens et palestiniens. Depuis octobre 2023, Israël aurait arrêté au moins 49 journalistes et professionnels des médias et placés au moins treize d’entre eux en détention administrative.

Les faits sont rapportés par d’autres enquêtes indépendantes de Reuters, AFP, Amnesty International, Human Rights Watch et Reporters sans frontières. Tous confirment « la rhétorique anti-presse des responsables gouvernementaux » et les attaques contre les journalistes israéliens, palestiniens et internationaux.

Parce qu’ils jouent un rôle indispensable lorsqu’il s’agit de contrer la mésinformation et la désinformation – en temps de guerre comme en temps de paix –, les dirigeants européens devraient demander « publiquement et sans équivoque » à Israël de permettre aux médias, enquêteurs internationaux et organisations de défense des droits humains d’accéder sans restriction à Israël et au territoire palestinien occupé, de libérer les journalistes en détention et d’autoriser ceux qui cherchent à sortir de Gaza à le faire.

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

En s’associant à cette demande, la CFDT Journalistes dénonce, une fois de plus, l’absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes, et tout particulièrement la résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans son classement 2024, la Palestine occupée et sous les bombes israéliennes est devenue l’un des dix derniers pays du monde en matière de sécurité pour les journalistes.