En attendant des vents plus favorables, Bénéteau continue de réduire la voilure

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iconeExtrait de l’hebdo n°3932

Neuf mois après la mise en place d’un dispositif de chômage partiel impactant les salariés du groupe nautique, la situation commence à être difficile pour ces derniers.

Par Anne-Sophie Balle— Publié le 10/09/2024 à 12h00

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© Laurent Grandguillot/RÉA

Sur les chantiers du constructeur de bateaux Bénéteau, l’inquiétude domine en cette rentrée. Depuis neuf mois maintenant, les deux tiers des 3 500 salariés du groupe subissent les conséquences du ralentissement du marché nautique mondial. Sur les sites de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Les Herbiers (Vendée) mais aussi Cholet (Maine-et-Loire), la baisse du volume d’activité atteint 30 %.

Accord de modulation du temps de travail

Aussi, afin d’adapter son organisation, la direction de Bénéteau a signé, à l’automne 2023, avec les représentants du personnel un accord de modulation du temps de travail qui court sur trois années, ce qui correspond à seize vendredis non travaillés pour la seule année 2024. À cela s’ajoute une série de mesures de chômage partiel sous forme de rotation entre les quatre axes de production de l’usine – qui couvrent la production des différents types de bateaux et emploient environ 40 à 50 personnes, précise l’union locale CFDT de Cholet.

Cette situation, le délégué CFDT du site choletais Nasser Mahdhi la connaît bien, du fait de ses dix-sept années d’ancienneté. « L’activité a toujours été cyclique. Cela dit, cette fois, il ne s’agit pas d’une courte période d’une semaine ou deux mais de mois entiers. »

Fin août, une nouvelle demande de chômage partiel a été acceptée par l’inspection du travail et le prolonge jusqu’en juin 2025. Passée cette date, l’entreprise devra envisager d’autres solutions si les ventes ne reprennent pas. « La dernière fois que l’on a connu des périodes d’inactivité aussi longues, c’était en 2008 et en 2020, et elles avaient été suivies d’un plan social. C’est ce qui nous inquiète. »

Passé l’euphorie d’après-Covid…

De fait, ces difficultés – pour l’instant qualifiées de conjoncturelles par la CFDT – interviennent après deux années d’euphorie qui ont suivi la crise Covid, pendant lesquelles le groupe avait enregistré une croissance jugée historique (+ 48 %). « Les carnets de commandes étaient pleins à craquer », se souvient le délégué CFDT. Mais, à la fin de l’année 2023, les ventes ont diminué alors que les stocks des concessionnaires, eux, étaient encore au plus haut niveau. Résultat : au premier semestre 2024, le groupe enregistrait une baisse de 30 % de son chiffre d’affaires.

À ce manque d’anticipation s’est ajoutée une forme d’incertitude macroéconomique et géopolitique impactant l’ensemble du secteur, en Europe comme en Amérique du Nord. Les États-Unis constituent en effet le plus gros marché du nautisme (mais aussi de Bénéteau), or l’élection présidentielle américaine pèse lourd à cause d’une forme d’attentisme qui risque de durer jusqu’en novembre 2024.

À propos de l'auteur

Anne-Sophie Balle
Rédactrice en chef adjointe de Syndicalisme Hebdo

Le groupe, qui fête cette année ses 140 ans, a désormais les yeux tournés vers les salons nautiques à venir. Avec la présentation de nouveaux modèles à voile et à vapeur notamment, le constructeur espère remplir de nouveau ses carnets de commandes et retrouver son rythme de croisière.