Pour la première fois, un accord mondial relatif à l’égalité professionnelle contient une série d’engagements qui s’appliquent également aux sous-traitants. À la clé, de nouveaux droits et une présence syndicale renforcée.
Égalité salariale et de carrière, mixité, lutte contre les violences sexistes et sexuelles, conciliation des temps, sans oublier – c’est une première dans un accord mondial ! – la prise en compte des violences conjugales : l’accord égalité professionnelle signé en juillet dernier chez Orange par trois organisations (CFDT, CGT et FO) ne fait l’impasse sur aucun des leviers susceptibles d’amorcer un réel changement. Il contient une série d’engagements applicables dans tous les pays où l’entreprise est implantée : en France, Espagne, Belgique, Europe centrale et orientale (Pologne, Roumanie, Slovaquie) et dans de nombreux pays africains (Côte d’Ivoire, Mali, Maroc, Sénégal) ou du Moyen-Orient (Égypte, Jordanie), régions du monde où le groupe a connu un fort développement ces dernières années.
Cet accord s’inscrit dans la continuité d’un dialogue social international dont les premiers jalons furent la signature d’un accord sur les droits fondamentaux en 2006 puis celle d’un accord sur la santé et la sécurité en 2014. « Nous étions en avance en abordant ce sujet de la parité ; depuis, la démarche s’est généralisée dans d’autres multinationales, note Isabel Lejeune-To, déléguée syndicale d’Orange et secrétaire adjointe du comité de groupe monde. Il me semble que les grands groupes commencent à réfléchir à ces inégalités que les gens ne supportent plus. Ils veulent être exemplaires car ils sont confrontés à un enjeu d’attractivité, notamment auprès des cadres et des jeunes à haut potentiel, dont les aspirations ont évolué. Le contexte était favorable au lancement de la négociation. »
Des organisations syndicales regroupées et coordonnées
La discussion n’en a pas moins été serrée. Sur le périmètre des sujets à couvrir, d’abord. « L’idée de la direction était de traiter l’égalité professionnelle au sens strict, explique Nadia Zak Calvet, déléguée syndicale centrale adjointe. Nous avons réussi à élargir le cadre et à intégrer les sujets de la conciliation vie privée et vie professionnelle, du droit à la déconnexion et de la prévention et du traitement des violences, y compris des violences conjugales. » Exigence sur la méthode, ensuite. La construction du texte comme sa mise en œuvre reposent sur « une démarche participative de tous les acteurs », précise l’accord. La discussion a en effet embarqué toutes les organisations syndicales (OS) présentes dans les entités concernées et affiliées à la fédération syndicale internationale UNI Global Union. Ces OS se sont regroupées, formant l’Alliance syndicale mondiale UNI-Orange. Aux toutes premières réunions de visu – nécessaires pour faire connaissance et analyser l’état des lieux chiffré pays par pays, que la direction a mis à la disposition des négociateurs – ont succédé les conférences téléphoniques et les consultations auprès des salariés.
Une transparence nécessaire La mixité des métiers Une communication à tous les niveaux |
Pendant les six mois de la phase préparatoire, les syndicalistes des différentes régions se sont exprimés, reflétant la diversité des besoins selon les situations locales. Chacun peut ainsi se reconnaître dans l’accord final. Le volet conciliation des temps, par exemple, crée un droit à la déconnexion qui répondait à une attente des syndicats africains. « Chez nous, les salariés n’ont plus de vie privée ! Avec la généralisation du smartphone, les managers les sollicitent par mail ou SMS à tout moment, et comme les salariés sont moins protégés qu’en Europe, les patrons n’hésitent pas à brandir la menace de la suppression d’emploi », indique William Ange Coker, président de l’Alliance et membre du syndicat Synapostel de Côte d’Ivoire. La possibilité d’aménager ses horaires fait aussi…