EDF comme la SNCF revisitent leur politique

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Une crise… et des innovations

Longtemps propriétaires de logements loués aux salariés contre un loyer modéré, EDF et la SNCF ont fait des choix différents mais conservent une politique volontariste.

Par Fabrice DedieuPublié le 01/03/2025 à 09h00

Logements sociaux gérés par la filiale logement de la SNCF (Paris).
Logements sociaux gérés par la filiale logement de la SNCF (Paris).© Marta Nascimento / RÉA

Dans les entreprises publiques, le traitement de la question du logement des salariés ne date pas d’hier et est directement lié à l’organisation des activités.

Ainsi, chez EDF, dès la création de l’entreprise, des logements ont été construits à proximité des barrages puis des centrales nucléaires pour loger les salariés qui participent à l’exploitation des sites. Une politique qui s’est étendue : « Il y avait aussi des logements en ville, pour la branche commerce et les centres d’ingénierie, avec à chaque fois des loyers dont une bonne partie était prise en charge par l’entreprise, explique Julien Laplace, délégué syndical central CFDT d’EDF SA. Mais, à partir des années 90, l’entreprise a commencé à vendre une partie de son parc immobilier. Aujourd’hui, comme celui-ci est réduit et que le taux d’occupation est très important, un certain nombre de salariés ne peuvent plus être logés dans ce parc EDF. »

Frédéric Petitalot, délégué syndical au sein de la direction de l’ingénierie du parc nucléaire et de l’environnement d’EDF, confirme : « Les centrales peuvent être dans des endroits isolés, et nous avons parfois besoin d’intervenir vite, donc il faut habiter un certain périmètre. Mais les effectifs augmentent et le parc des logements arrive à saturation. Il faut réagir. »

“Nous militons pour arriver à une politique du logement plus égalitaire, revoir les aides et construire des logements là où c’est nécessaire. ”

Julien Laplace, délégué syndical central CFDT d’EDF SA

Nouveaux chantiers

La question se pose d’autant plus que la construction de nouveaux réacteurs nucléaires est prévue, ce qui va attirer des milliers de salariés. En vue du chantier sur le site de la centrale de Penly, du côté de Dieppe (Seine-Maritime), un accord a été signé entre les organisations syndicales (dont la CFDT) et EDF pour garantir des mesures d’accompagnement financières à la mobilité des salariés et faciliter leur installation dans la région. La constitution d’un parc de logements, qui doit doubler celui qui existe, a été actée.

L’occasion pour la CFDT de « revoir la politique de logement et de mobilité dans son ensemble », souligne Julien Laplace. « Aujourd’hui, il y a des différences entre les métiers techniques (plutôt occupés par des hommes) et ceux du support (plutôt pourvus par des femmes). Nous militons pour arriver à une politique du logement plus égalitaire, revoir les aides et construire des logements là où c’est nécessaire. »

À la SNCF, HLM et dialogue social

Du côté du chemin de fer, les questions d’hier restent celles d’aujourd’hui. « La politique du logement à la SNCF est liée à celle de l’attractivité de l’entreprise. Par ailleurs, entre les 3x8 et les astreintes, ça reste important d’avoir des salariés proches des lieux de travail », détaille Thomas Cavel, secrétaire général de la CFDT Cheminots. Le groupe ferroviaire possède toujours son office HLM, ICF, qui détient quelque 100 000 logements dont 30 % sont occupés par les salariés ou retraités SNCF.

La CFDT Cheminots poussera notamment pour plus d’aides à l’accession à la propriété.

En parallèle de cette offre sociale, la politique de logement repose sur le dialogue social via des accords. Le dernier en date, signé en 2023, renforce les aides pour les nouveaux embauchés et les cheminots en difficulté financière.

Alors que l’accord expire en 2026, une nouvelle négociation doit s’ouvrir cette année. La CFDT Cheminots poussera notamment pour plus d’aides à l’accession à la propriété. Un autre volet de la politique logement repose sur l’association Parme 1, créée en 1997, qui propose des chambres aux jeunes salariés, et dans laquelle la CFDT est investie. Autant d’éléments qui peuvent séduire les salariés. « Nous avons toujours eu des salaires peu élevés ; aussi, la fidélisation passe-t-elle par le paquet social, donc par le logement », souligne Thomas Cavel. Une ambition à laquelle la SNCF ne semble pas vouloir renoncer.