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Extrait de l’hebdo n°3904
Une série de rencontres bilatérales ont eu lieu la semaine passée avec le Premier ministre puis la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités. Une première prise de contact… dans l’attente d’engagements forts.
Faut-il y voir l’amorce d’un changement de méthode en matière de dialogue social ? En recevant tour à tour les partenaires sociaux en amont de son discours de politique générale (annoncé au 30 janvier), le Premier ministre, Gabriel Attal, envoie en tout cas « un signal appréciable » aux corps intermédiaires, que ces derniers ont unanimement relevé au terme de leurs échanges. « Il a été attentif à nos sujets et s’est montré à l’écoute », pointait, à sa sortie de Matignon, le 16 janvier dernier, Marylise Léon, première à se prêter à l’exercice.
“2024 ne doit pas être une année de tensions accrues”
Pendant plus d’une heure, la secrétaire générale de la CFDT a redit « le malaise ressenti dans le monde du travail, avec des ruptures et des bouleversements qui nécessitent d’être pris en compte ». Dans ce contexte, « 2024 ne saurait être une année de nouvelles tensions ou de tensions accrues », prévient-elle. Aussi attache-t-elle une attention particulière à la méthode de construction des politiques publiques. « Une décision ou une loi qui aura fait l’objet d’un dialogue préalable sera toujours plus efficace qu’une décision unilatérale », affirme Marylise Léon, face à la tentation du gouvernement d’inscrire dans une future loi travail – qui doit transposer les sujets actuellement négociés entre les partenaires sociaux – de nouvelles modifications concernant le droit du travail. « Pas question d’avoir des mesures surprises ! », prévient la CFDT.
Il en va d’ailleurs de même pour les fonctions publiques, vis-à-vis desquelles Marylise Léon exprime sa crainte d’une réforme à venir qui serait imposée sans qu’il y ait concertation avec les organisations syndicales. « La pertinence d’une nouvelle loi sera à regarder à l’aune des évolutions nécessaires, ce qui, à ce jour, ne semble pas évident, voire dangereux selon la CFDT, surtout après avoir déclaré 2024 année blanche pour la rémunération. »
Pouvoir d’achat, le besoin d’une nouvelle impulsion
Évidemment, le pouvoir d’achat constitue le sujet de préoccupation relevé par l’ensemble des organisations syndicales, et pour lequel la CFDT attend des gestes forts. Jusque-là, en effet, « les rappels à la loi faits par le précédent ministre du Travail, les menaces de restructurations administratives actées dans la loi Pouvoir d’achat de 2022 ne se sont pas révélés assez efficaces », a pointé la CFDT. Aussi, « une nouvelle impulsion forte doit être envoyée sans tarder par le gouvernement en avançant rapidement sur la mise en place du Haut conseil des rémunérations ». Tous ces sujets – également abordés avec la nouvelle ministre du Travail lors d’une rencontre bilatérale, le 19 janvier – pourraient trouver dans les prochains jours des éléments de réponses lors du discours de politique générale – censé donner un cap à la politique du gouvernement.