Décès d’Emilio Gabaglio : l’Europe syndicale en deuil

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iconeExtrait de l’hebdo n°3937

L’ancien secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats Emilio Gabaglio est mort le 7 octobre dernier. La CFDT salue la mémoire d’un ardent défenseur de l’Europe sociale.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 14/10/2024 à 07h26 et mis à jour le 14/10/2024 à 08h03

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« Un grand ami de la CFDT s’en est allé, a réagi Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT. Emilio Gabaglio était un ardent défenseur de l’Europe sociale, ses combats sont aussi les nôtres, nous continuerons à les mener. » 

Né en 1937 au sein d’une famille ouvrière, à Côme (dans le nord de l’Italie), Emilio Gabaglio y était devenu professeur d’école. C’est en 1964 qu’il adhère à la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CISL) puis en devient, quelques années plus tard, responsable du service international. Il participe alors activement, partout dans le monde, au soutien des syndicalistes qui se battent pour la démocratie et leurs libertés, sous Franco en Espagne, sous le régime de Pinochet au Chili, au Brésil ou en Pologne.

“Des lois historiques en faveur des travailleurs”

1. Confédération européenne des syndicats.

En 1991, il devient le troisième secrétaire général de la CES1, dont il aura été l’un des fondateurs. Ce poste, il l’occupera jusqu’en 2003. « Sous sa direction, la CES a construit une vision d’une Europe sociale pour garantir que l’Union européenne ne soit pas seulement une construction économique », rappelle-t-on à Bruxelles, où siège cette institution européenne qui réunit aujourd’hui 93 confédérations syndicales nationales et dix fédérations européennes réparties dans 41 pays. « Cet engagement, qu’il partageait avec le président de la Commission européenne de l’époque, Jacques Delors, a donné naissance à des lois historiques en faveur des travailleurs, à l’instar de la directive sur le temps de travail. C’était un Européen convaincu qui a signé l’accord ayant inscrit le dialogue social dans les traités européens, ce qui est resté l’une de ses plus grandes réalisations. »

Présent au congrès CFDT de 1964

Emilio Gabaglio était aussi un ami de la CFDT. « Il était un compagnon engagé et fidèle, se souvient Jean-François Trogrlic, ancien secrétaire national entre 1985 et 2005. Nous partagions avec lui une vision commune du monde. » En 2014, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la première organisation syndicale française, à la Mutualité, à Paris, il disait se sentir « un peu en famille à la CFDT ».

« Il était chez lui », confirme Jean Lapeyre, ancien secrétaire confédéral de la CFDT, qui fut secrétaire général adjoint de la CES durant les trois mandats du syndicaliste italien (de 1991 à 2003). Une longue et belle histoire commune : en 1964, alors à la tête des Associations chrétiennes des travailleurs italiens (ACLI), il était au congrès d'Issy-les-Moulineaux… qui verra naître la CFDT.

Des droits nouveaux pour les travailleurs européens

Jean Lapeyre salue tout autant la mémoire d’un homme d’écoute et de dialogue, qui avait le progrès social pour seule boussole. « Notre tandem à la CES était complémentaire. Nous avions la même culture syndicale, défendions les mêmes valeurs. Si nous étions différents dans la façon de faire, nous avions toujours les mêmes objectifs : l’avenir du monde, de l’Europe, de ses citoyens et du monde ouvrier. »

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Ensemble, ils ont obtenu quelques beaux succès. « À l’image des directives sur l’information et la consultation (2002) et sur l’institution des comités d’entreprise européens (1994), ou les nombreux accords-cadres signés : congé parental (1995), travail à temps partiel (1997), contrat à durée déterminée (1999), accord autonome sur les télétravailleurs (2002)… »

Enfin, c’est aussi sous l’impulsion de ce « citoyen du monde » que naquit la Confédération syndicale internationale en 2006, héritière de deux institutions syndicales internationales aux visions longtemps antagonistes, la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) et la Confédération mondial du travail (CMT).