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Dans les enseignes de la famille Mulliez, la CFDT en première ligne

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iconeExtrait de l’hebdo n°3946

Decathlon, Auchan, Flunch : dans ces trois enseignes détenues par la famille Mulliez, les équipes CFDT sont en première ligne ces dernières semaines, que ce soit pour négocier un PSE ou mener une grève. Retour sur ces mobilisations.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 17/12/2024 à 13h00

Le 7 décembre dernier, les salariés CFDT de Decathlon France, revendiquant un juste partage de la richesse créée, étaient en grève à Paris (Marylise Léon est venue les soutenir au Decathlon Paris La Madeleine) mais aussi à Auxerre, Bordeaux, Bourgoin-Jallieu, Challans, Chambray-lès-Tours, La Rochelle, Lille, Limoges, Mérignac, Metz, Nevers, Saint-Nazaire, Toulon, Wittenheim…
Le 7 décembre dernier, les salariés CFDT de Decathlon France, revendiquant un juste partage de la richesse créée, étaient en grève à Paris (Marylise Léon est venue les soutenir au Decathlon Paris La Madeleine) mais aussi à Auxerre, Bordeaux, Bourgoin-Jallieu, Challans, Chambray-lès-Tours, La Rochelle, Lille, Limoges, Mérignac, Metz, Nevers, Saint-Nazaire, Toulon, Wittenheim…© Syndheb

Dans les magasins Decathlon, le samedi 7 décembre a été une date historique. La section CFDT a appelé les salariés de la chaîne spécialisée dans la vente d’articles de sport à faire grève. La cause ? L’annonce, quelques jours auparavant, du versement d’un milliard d’euros de dividendes à la famille Mulliez, actionnaire majoritaire de l’enseigne.

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© CFDT - DR

Devant le magasin Decathlon de Paris La Madeleine, le délégué syndical central Sébastien Chauvin a pris le micro face aux militants en gilets orange qui tiennent le piquet de grève. Ces dividendes, « on nous dit que c’est pour des actions entrepreneuriales […] mais je ne vois pas beaucoup de créations d’entreprises dans la galaxie Mulliez », a-t-il déclaré. « Je ne sais pas dans quoi ils les réinvestissent mais ce n’est pas dans nos salaires. Depuis octobre, nous demandons que soit ouverte une discussion pour répercuter la hausse du Smic du 1er novembre ; on nous renvoie au mois de janvier 2025. » En 2023, le groupe Decathlon a fait 15,6 milliards de chiffre d’affaires et 931 millions d’euros de résultat net.

Des investissements et des emplois !

Venue soutenir la section, Marylise Léon l’a redit : « Il faut que des investissements soient réalisés. Quand on est dans une entreprise du commerce comme Decathlon, il faut pouvoir penser l’avenir et investir. Des investissements structurants, c’est assurer la pérennité des emplois… et ce n’est pas du tout le calcul fait aujourd’hui par l’entreprise. » La réduction de la surface des magasins (censée soutenir la rentabilité) et la suppression d’emplois alimentent également la colère. Entre 2022 et 2023, le nombre de salariés a baissé d’au moins 700 salariés en France.

Ce milliard d’euros de dividendes a aussi fait réagir la section CFDT des magasins Auchan. L’annonce passe mal alors que 2 389 emplois sont sur la sellette et que les négociations du PSE débutent. La première séance de discussion a eu lieu le 28 novembre : la CFDT a demandé la mise en place d’un mécanisme de substitution (ce qui permettrait à un salarié dont l’emploi n’est pas supprimé de profiter du PSE pour quitter l’entreprise à la place de quelqu’un dont l’emploi est supprimé) ainsi que le reclassement des salariés Auchan dans les autres enseignes détenues par les Mulliez, ce qui est pour l’instant refusé.

« C’est une bataille que l’on ne lâchera pas. Il suffit d’un peu de bonne volonté économique et sociale », souligne Gilles Martin, le délégué syndical du groupe Auchan Retail France. La négociation se poursuivra ce jeudi 19 décembre par une deuxième séance de discussions, lors de laquelle doivent être présentés les contours du plan. À noter que la CFDT n’a pas signé l’accord de méthode qui cadre cette négociation, exprimant ainsi son désaccord avec le mode de calcul retenu pour définir la taille des délégations syndicales.

Une commission d’enquête sur l’utilisation des aides publiques

1. Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

En parallèle, la CFDT d’Auchan a envoyé aux députés et aux sénateurs un courrier, rappelant que « l’entreprise Auchan a pourtant touché, au titre du CICE1, plus de 500 millions d’euros d’aides de l’État […] sans qu’aucune contrepartie ne soit exigée. Cet argent public était destiné à garantir la compétitivité et l’emploi ! ». L’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire relative à l’utilisation de ces fonds est demandée… et a obtenu un certain écho auprès des parlementaires. En lien avec ce qui se passe chez Michelin, une résolution visant à créer une commission d’enquête sur l’utilisation des aides publiques par les grandes entreprises a été déposée à l’Assemblée nationale le 29 novembre. Une autre a été déposée au Sénat.

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

Pour maintenir la pression, dénoncer le versement des dividendes de Decathlon et soutenir les salariés, la CFDT s’est mobilisée, le vendredi 6 décembre, dans le magasin Auchan de Villeneuve-d’Ascq (Nord / Hauts-de-France). « C’est un magasin qui va perdre la moitié de sa surface. Et avec le PSE, il va perdre ses vendeurs. C’est donc la double peine pour ce site, commente Gilles Martin. Avec une surface réduite et plus de vendeurs, on peut s’attendre à une baisse des ventes et du chiffre d’affaires. Et que deviendront la logistique et le service après-vente ? Cela aura des conséquences pour eux aussi. Nous restons sur nos gardes… »

Le PSE de Flunch retoqué par l’inspection du travail

Négocié entre la fin septembre et la fin octobre, un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) concernant quatre restaurants Flunch (à Cavaillon, Mantes-la-Jolie, Orléans Olivet et Rosny-sous-Bois) et entre 85 et 90 salariés a été retoqué par la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) des Hauts-de-France début décembre, arguant de « l’insuffisance de moyens attribués aux mesures du plan compte tenu de la capacité financière du groupe », a indiqué la Fédération CFDT des Services dans un communiqué.

Ce PSE n’a été signé ni par la CFDT (organisation syndicale majoritaire) ni par aucune organisation syndicale. « La négociation a été difficile », se souvient Grégory Dubois, le délégué syndical central. Seul un accord partiel sur le périmètre du PSE (afin que les suppressions de postes ne se produisent qu’au sein des restaurants voués à la fermeture et pas plus largement, au sein de leurs bassins d’emploi respectifs) a été signé entre la direction et les syndicats. « La Dreets n’a fait que son travail, estime Grégory Dubois. Un nouvel accord unilatéral devrait être présenté fin janvier en CSEC [comité social et économique central], qui sera mieux-disant. Ils sont tenus de faire quelque chose de mieux. » C’est le deuxième PSE que subit l’enseigne en moins de quatre ans.