Dans la Meuse, le Syndicat Santé-Sociaux tisse sa toile

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iconeExtrait de l’hebdo n°3936

En moins de dix ans, la ténacité des militantes et militants a permis de multiplier par deux le nombre d’adhérents et par trois celui des sections. Ce syndicat est devenu première organisation syndicale dans le public. C’est le résultat d’une stratégie axée sur la proximité, le développement, la formation et le renforcement des liens entre privé et public.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 08/10/2024 à 12h00

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« On a plutôt bien cartonné sur le département », résume Bernard Balzinger, éducateur spécialisé et responsable du développement du Syndicat Santé-Sociaux 55. À la lecture des résultats obtenus en décembre 2023, il est difficile de le contredire. Au Centre hospitalier (CH) de Commercy, la CFDT obtient 63,57 % des voix (quatre sièges au comité social d’établissement contre un seul en 2018), 33,59 % au CH de Bar-le-Duc Fains-Véel (cinq sièges au CSE contre trois en 2018), 70,34 % à l’Ehpad d’Argonne ou encore 33,75 % à l’Ehpad Vallée de la Meuse. Surtout, elle est devenue la première organisation dans le public devançant l’Unsa de quelques voix.

Une progression époustouflante

Une grande satisfaction pour Fabienne Antoine, aide-soignante au CH de Commercy et secrétaire du Syndicat Santé-Sociaux 55, qui se souvient du chemin parcouru… « Nous sommes partis de loin ! » Ces résultats sont également en rapport direct avec la progression constante – et fulgurante – du nombre des adhérents. Ils étaient 280 il y a dix ans, 405 en juin 2022, 457 en juin 2023, 497 en juin 2024 et 522 en septembre ; une progression de plus de 28 % en moins de quatre ans ! Une telle progression est d’ailleurs à mettre en parallèle avec celle du nombre de sections : 32 en 2024 contre moins d’une dizaine en 2015.

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Autre satisfecit, la progression à deux chiffres du nombre de jeunes adhérents. Ils étaient 43 à avoir moins de 35 ans en juin 2022, ils sont 68 à ce jour, soit une progression de 58 %. Certes, le syndicat s’était bien fixé cet objectif… mais à l’horizon 2026. Une avance sur les temps de passage plutôt flatteuse, mais qui n’incite pas les responsables du syndicat à ralentir le rythme. S’ils ont largement de quoi se réjouir, il n’est pas question pour eux de s’arrêter en si bon chemin.

Cette année, à l’occasion de la cinquième édition de « Réponses à emporter » (du 24 au 26 septembre dernier), nombre d’entre eux étaint présents devant l’institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) et l’institut de formation d’aides-soignants (Ifas) de Verdun afin de rencontrer des étudiants et de futurs professionnels de santé.

Le ciblage des établissements

« On a parfois eu mauvaises surprises et on s’est aussi pris quelques claques », relativise Fabienne Antoine. Alors qu’elle visait une percée au centre hospitalier de Verdun en décembre 2022, c’est l’inverse qui s’est produit : seulement 13 % des suffrages et plus d’une dizaine de voix perdues par rapport au scrutin de 2018… « Nous avons le regard tourné vers 2026 et les prochaines élections professionnelles », confie Bernard Balzinger. Parce qu’il est hors de question de manquer deux fois ce rendez-vous, les militants du Syndicat Santé-Sociaux 55 ont fait de l’établissement verdunois une priorité. Quand on est quatrième organisation syndicale au sein de l’établissement, la marge de progression est réelle. D’ailleurs, en à peine un an, 26 agents sont venus grossir les rangs de la section – le fruit d’un ciblage réfléchi, mesuré à l’aune de la représentativité. Tous les mois, le syndicat, avec l’appui de plusieurs sections voisines, investit les services du centre hospitalier à l’occasion de tournées en proximité et organise des actions de visibilité du style jus de fruits-café-croissant plusieurs fois par an. « Ça nous permet d’être visibles et de progresser rapidement », résume Élodie Cassez, secrétaire de la section du centre hospitalier de Verdun depuis moins d’un an.

Les élections dans les TPE en ligne de mire

Si le CH de Verdun est de loin le plus gros établissement du département, il n’est pas le seul à bénéficier de l’attention du syndicat. Les Ehpad de Gondrecourt-le-Château, de Dun-sur-Meuse et d’Étain sont également dans le viseur. Enfin, alors que les élections TPE sont proches, les militants n’ont pas ménagé leur temps et ont parcouru beaucoup de kilomètres cet été pour aller à la rencontre des salariés travaillant dans les officines pharmaceutiques, cabinets dentaires et maisons de santé du territoire. Ce travail de fourmi s’avère essentiel dans ce département rural de moins de 200 000 habitants. « Nous avons parcouru plus de mille kilomètres pour aller à la rencontre des travailleurs et travailleuses dans des établissements où ils ne sont pas plus de deux ou trois, le plus souvent. » Ce souci de proximité répond à la stratégie de développement que s’est fixée le syndicat, et que l’on pourrait résumer ainsi : s’implanter là où l’on n’est pas encore.

Le renouvellement et la formation

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Autre préoccupation centrale de Fabienne Antoine et Bernard Balzinger : le renouvellement et la formation, la seconde allant souvent de pair avec la première. « Elle est une priorité pour l’émancipation de nos équipes. Elle accroît les compétences du nouvel adhérent et peut lui donner envie de devenir militant… » C’est dans cette logique que le syndicat souhaite rendre systématique la formation « Bienvenue à la CFDT ». Autant de sujets et d’ambitions que les militants du syndicat auront l’opportunité de débattre et d’affiner le 15 octobre, à l’occasion de leur troisième congrès, qui se tiendra à Verdun.