CPF : vers une participation de 100 euros

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iconeExtrait de l’hebdo n°3912

Les salariés vont sans doute devoir participer à hauteur de 100 euros lorsqu’ils utiliseront leur compte personnel de formation. La CFDT dénonce une mesure à rebours des discours gouvernementaux sur l’importance de la montée en qualification.

Par Jérôme Citron— Publié le 19/03/2024 à 13h00

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© Syndheb

Bien que le décret ne soit pas encore paru, il semblerait que les derniers arbitrages gouvernementaux aient été rendus. Pour « faire entrer de l’argent dans les caisses », le gouvernement a décidé d’instaurer une sorte de franchise dont devront s’acquitter les salariés qui mobilisent leur compte personnel de formation (CPF). Pendant plusieurs mois, circulait l’idée selon laquelle cette franchise serait égale à 10 % du montant de la formation suivie. Finalement, il apparaît que les derniers arbitrages gouvernementaux ont fait pencher la balance vers une autre solution, tout aussi abrupte : une somme forfaitaire de 100 euros réclamée à toute personne qui se forme dans un tel cadre.

Une flagrante incohérence

Quel que soit le choix final du gouvernement (un décret doit être publié dans les semaines à venir), l’avis de la CFDT reste le même : il est totalement incohérent d’inciter les salariés à se former et à monter en compétences en mettant en place une franchise. Il existe d’autres pistes qui permettraient de faire des économies, des pistes plus pertinentes méritant d’être débattues avec les organisations syndicales. Or le gouvernement s’apprête, une fois encore, à décider sans aucune concertation préalable.

« Nous sommes en colère car tout le travail que nous avons mené pour améliorer le dispositif CPF afin qu’il finance des formations vraiment professionnalisantes de salariés qui en ont le plus besoin est remis en question par l’instauration de cette franchise, s’exclame Séverine Garandeau-Martin, secrétaire confédérale à la CFDT chargée de la formation professionnelle. Ce sont évidemment les salariés les plus modestes qui vont être les premiers à renoncer à une formation si elle n’est pas prise en charge à 100 %. »

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

Cette décision gouvernementale passe d’autant plus mal que la décision prise par la majorité d’autoriser le financement du permis moto via le CPF depuis le 1er janvier dernier a déjà coûté plus de 40 millions d’euros au système sur un total de 434 millions d’euros de formations financées (le permis voiture, quant à lui, a coûté autour de 56 millions d’euros). Par comparaison, pendant la même période (du 1er janvier au 3 mars 2024), les bilans de compétences n’ont coûté que 15 millions d’euros. N’eût-il pas fallu s’interroger sur la pertinence de financer totalement les permis moto ou voiture – le risque d’effet d’aubaine paraissant évident – avant de décider d’instaurer une franchise afin d’économiser entre 200 et 300 millions d’euros ?