Rachetée en 2010, cette entreprise spécialisée dans les verres optiques de haute précision fait aujourd’hui face à des difficultés économiques dues à des erreurs stratégiques. La section CFDT se bat pour préserver les compétences des salariés et assurer un avenir à cette activité de pointe.

La section syndicale s’en doutait, mais l’annonce n’en fait pas moins mal. Le 10 juillet dernier, la direction de Thales Seso a officiellement annoncé aux représentants du personnel qu’elle avait décidé de mettre en place un projet de gestion active de l’emploi (GAE). Des termes de jargon maison que l’on peut traduire par l’ouverture d’une négociation en vue de réduire drastiquement le nombre des emplois. Ainsi, 21 postes sont sur la sellette dans cette entreprise qui emploie 123 salariés, soit 20 % des effectifs.
Comment cette entreprise de pointe qui fabrique des verres optiques utilisés dans l’espace ou équipant des télescopes dans le monde entier en est-elle arrivée à vouloir se séparer d’une partie de son personnel ? « Nous sommes victimes de la politique de la direction, guidée par le groupe qui a abandonné une grande partie de notre activité pour se concentrer sur quelques gros contrats, explique le délégué syndical CFDT Vincent Vitrac. Depuis des années, nous ne cessons d’alerter la direction sur le risque que cela faisait peser à l’entreprise. Ce que nous craignions est en train d’arriver. Nous arrivons à la fin de ces grands contrats sans nouvelles commandes qui puissent maintenir l’activité à court terme. »
Un rachat en apparence très prometteur
Une section soudée… … Proche des salariés… … Et qui pense à l’avenir |
Quand Thales rachète en 2010 ce qui s’appelait encore Société européenne de systèmes optiques (Seso), les salariés étaient plutôt rassurés de rejoindre un groupe solide sur le plan économique. Petite entreprise basée à Aix-en-Provence dont le fondateur partait à la retraite, Seso était un fleuron de l’optique, à mi-chemin entre l’artisanat le plus pointu et la haute technologie. Les verres polis dans cette usine sont vendus dans le monde entier pour être installés dans des satellites ou des télescopes. Certaines optiques nécessitent d’être polies pendant plusieurs mois sous le regard de techniciens au savoir-faire précieux. Le prix d’un verre peut s’élever à plusieurs millions d’euros. « Le niveau de précision de certaines optiques est tel qu’aucune machine ne peut encore rivaliser avec la main d’un polisseur », résume Vincent avec fierté.
Le groupe Thales, qui a besoin de ces optiques pour équiper ses satellites, rachète donc logiquement l’entreprise en vue de sécuriser ce savoir-faire indispensable. L’activité est alors au plus haut. Dans le même temps, quatre jeunes salariés, un groupe d’amis motivés, décident de monter une section CFDT et d’en finir avec une forme de représentation « très traditionnelle et un rien paternaliste » du personnel. « Il n’y avait aucun compte rendu des réunions, aucune vision de l’activité, résume Vincent. Nous voulions avoir notre mot à dire sur l’organisation du travail et sur l’activité. » Les salariés ne s’y trompent pas. La petite équipe devient vite majoritaire et compte aujourd’hui 16 adhérents. Avec 65 % des voix aux dernières élections professionnelles, la CFDT est incontournable.
Malgré des alertes répétées, un dialogue social en berne
Malgré le rachat de Seso par un grand groupe aux traditions plutôt sociales, le dialogue social n’est vraiment pas le fort de la direction d’Aix-en-Provence. Si les activités proposées par le comité d’entreprise sont plébiscitées par les salariés – une activité par mois en moyenne, du tournoi de boules à la sortie…