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Extrait de l’hebdo n°3940
À Aressy (Pyrénées-Atlantiques / Nouvelle-Aquitaine), les militantes de la section du centre de dialyse NephroCare agissent pour un dialogue social de qualité. Elles savent aussi mobiliser les salariés par la grève lorsque c’est nécessaire.
1. Comité social et économique.
« Nous essayons toujours de trouver des solutions constructives et de privilégier la manière douce », résume Aude-Line Jaouen, la secrétaire du CSE1 du centre de dialyse de la clinique d’Aressy, village béarnais situé à une dizaine de kilomètres de Pau. Organisation historique de cet établissement privé lucratif de 92 salariés, la CFDT est le seul syndicat présent dans cette clinique d’un groupe d’envergure mondiale, Fresenius Medical Care (présent dans une trentaine de pays et comptant 25 000 salariés), qui fournit des produits et services destinés aux personnes atteintes de néphropathie.
2. Négociations annuelles obligatoires.
« Si le dialogue social est pour nous une priorité, notre patience a aussi des limites ! », poursuit Aude-Line Jaouen. Dans le viseur de la syndicaliste : des NAO2 à la peine et de graves dysfonctionnements en matière de gestion de la paie qui conduisent par exemple à des compteurs d’heures supplémentaires erronés. Marie Marrière, salariée de l’établissement depuis vingt-quatre ans (et adhérente CFDT depuis 2022) observe elle aussi « une ambiance tendue et une montée des tensions » chez ses collègues.
Une section CFDT très déterminée
D’ailleurs, pendant plusieurs semaines, la section multiplie les échanges avec la direction, insistant sur l’urgence d’agir dans le domaine des salaires. « Il y a une très forte attente des salariés », confirme Fabienne Izarn, qui a été déléguée syndicale de l’établissement il y a une quinzaine d’années. Le tassement des grilles salariales dans le secteur et les premiers niveaux de salaire en dessous du Smic ont beaucoup de mal à passer. Comme les alertes de la section n’y changent rien pendant un certain temps, l’équipe CFDT prévient la direction qu’elle va passer à la vitesse supérieure… mais elle n’est pas prise au sérieux. À tort ! Les militantes enchaînent les rencontres avec leurs collègues, sondent leur niveau de détermination et finissent par faire voter la grève. « Une première depuis vingt ans », souligne Fabienne Izarn. La date du 27 juin 2023 est arrêtée. Le collectif avertit très en amont la direction de ses intentions et fait en sorte que le mouvement n’ait aucun impact sur les usagers ni sur l’administration de leur traitement. « Nous voulions assurer la bonne continuité de notre activité et le bon accueil des patients », témoigne Marie Marrière.
Le jour J, près de 90 % des personnels soignants et non soignants se mobilisent et prennent ouvertement position devant leur établissement. Les chasubles et drapeaux orange sont de sortie et bien en vue à l’extérieur. À l’intérieur, ce sont les brassards « en grève » qui témoignent de la colère des salariés. Cette action coup de poing a un effet immédiat. « Nous avons envoyé un message clair, et la direction a rapidement compris que ce n’était dans l’intérêt de personne de faire durer les choses », poursuivent les militantes.
Une revalorisation salariale de 3 %
La section obtient une revalorisation salariale de 3 % (au 1er juillet 2024) et une prime de partage de la valeur de 1 000 euros. Les deux parties se sont également engagées à ouvrir une série de négociations (temps de travail, arrêt de la badgeuse ou encore révision des primes et indemnités kilométriques). « C’est gratifiant et c’est une vraie reconnaissance de notre action et de notre engagement, confie Aude-Line Jaouen. Parallèlement, ce mouvement a permis de faire prendre conscience à nos collègues des réalités auxquelles nous sommes confrontées et des difficultés que nous pouvons rencontrer au quotidien dans l’exercice de nos mandats. »
« La grève a fait du bien, confirme Marie Marrière. On a vu une vraie ferveur, et elle a renforcé la cohésion entre les collègues. » Un engouement sur lequel la section compte surfer afin d’avancer sur la question des retards de salaire… mais aussi de peser dans les discussions de la prochaine NAO. Et pourquoi pas en profiter pour faire du développement et accueillir les militantes et militants de demain ? Ce ne sont pas les chantiers qui manquent. Ni la détermination, donc. « L’état d’esprit de notre section colle parfaitement à ce qu’est la CFDT, conclut Aude-Line. Nous sommes pragmatiques et réalistes. »