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Extrait de l’hebdo n°3946
En Centre-Val de Loire, la CFDT a obtenu la création d’une commission environnementale au sein du CSE de l’opérateur public de l’emploi. L’équipe orange s’appuie sur ce levier afin de challenger la direction en ce qui concerne la réduction de son empreinte carbone et le développement de son offre de services relative aux métiers de la transition écologique.
1. Responsabilité sociale/sociétale des entreprises.
Dorian Chilla est tenace, du genre à ne rien lâcher, surtout lorsqu’il s’agit de transition écologique juste et de RSE1, un sujet qu’il a chevillé au corps depuis des années. Aussi, à partir du moment où cet adhérent et militant associatif de 57 ans a croisé la route de la CFDT, il y a cinq ans, il n’a eu de cesse de vouloir embarquer le collectif autour de ces questions. C’est auprès du Sego (Syndicat Emploi Grand Ouest) que Dorian a d’abord concentré ses efforts.
Un levier de dialogue social
2. Charte d’engagement éthique signée en 2022 par quatre acteurs de la transition écologique (Représente.org, GATE 17, éthi’Kdo et Treegr) pour accompagner les élus dans leur mobilisation en faveur de la transition écologique.
3. Activités sociales et culturelles.
Le pari est réussi puisque, lors du dernier congrès du syndicat, en juin 2023, la résolution a retenu la volonté dudit syndicat d’encourager la création de commissions environnementales au sein des CSE des établissements France Travail, mais également de promouvoir la démarche du collectif « Décarbone ton CSE »2 afin de développer des offres d’ASC3 plus durables. « Nous avons voulu acter l’importance de la transition écologique juste, et le fait que les élus devaient s’en emparer et en devenir acteurs », explique Anne-Claire Patte, la secrétaire générale du Sego. Des quatre régions que couvre son syndicat – Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire –, c’est cette dernière qui a pris une longueur d’avance. L’impulsion donnée par Dorian et les délégués syndicaux de la section n’y est pas pour rien : la réflexion sur la transition écologique juste était déjà au menu de l’assemblée générale de la section CFDT dès le mois de mai 2022.
Forts de cette résolution, ils se sont attelés au travail au sein de leur établissement et ont abouti, en avril 2024, à la création d’une commission environnementale, appelée ComEnvi. « C’est un outil important qui permet de structurer les échanges, un levier pour engager le dialogue social sur ces questions », indique Dorian. « Nous avons bénéficié d’un contexte favorable, précise le délégué syndical Christophe Mathey, qui a œuvré à intégrer la ComEnvi dans le règlement intérieur lors de sa révision. De très bons résultats aux élections professionnelles nous ont permis d’améliorer la représentativité de la CFDT (avec 42 % des suffrages) et d’obtenir la majorité au CSE, ce qui a rendu la négociation plus facile. De plus, nous avons obtenu une écoute attentive de notre directeur sur ces questions. » La satisfaction de l’équipe d’avoir décroché cette ComEnvi n’est toutefois pas totale. « Si la direction a dit banco, elle nous a offert des moyens réduits : deux réunions par an et trop peu de temps », regrette Christophe.
Un service public pouvant devenir exemplaire
Qu’à cela ne tienne, la ComEnvi a immédiatement engagé un énorme travail de synthèse des points sur lesquels elle souhaitait « challenger la direction concernant leur politique RSE ». Lors de la deuxième réunion de cette ComEnvi, le 2 décembre dernier, les militants ont listé tous les sujets pour lesquels ils attendaient des réponses précises, des éclaircissements… Par exemple savoir où en était la direction de sa stratégie « trajectoire bas carbone », dont l’objectif consiste à réduire de 35 % les émissions de CO2 d’ici à 2030.
La ComEnvi a également plaidé en faveur de la réactivation du réseau des « ambassadeurs de la sobriété », une initiative lancée à la fin de l’année 2022… « mais qui a fait pschitt », regrette Dorian. « Pourtant, ces ambassadeurs pourraient être d’excellents vecteurs de bonnes pratiques dans l’optique de sensibiliser et d’acculturer les salariés à la transition. Il faut dans cette perspective leur donner des moyens et une véritable mission. C’est aujourd’hui un de nos principaux combats : ancrer la RSE dans l’établissement. »
Verdir l’offre de services et les ASC
Au sein de la ComEnvi, l’équipe CFDT veut également porter le sujet du développement de l’offre de services se rapportant aux métiers de la transition écologique. « Quels moyens sont mis en œuvre pour acculturer et former les conseillers sur cette nouvelle offre de services, afin qu’ils puissent orienter et conseiller les demandeurs d’emploi et les entreprises vers ces métiers ?, interroge Dorian. Car c’est bien l’ambition de France Travail que de vouloir accompagner la transition écologique du marché du travail. » Mais avec la mise en œuvre de la loi plein emploi, au début de 2025, « qui risque d’alourdir sérieusement le quotidien des agents », la CFDT craint que l’offre de services passe au second plan.
Au sein du CSE, l’équipe CFDT pousse tout autant l’idée de transformer l’offre d’activités sociales et culturelles en mettant en pratique la démarche Décarbone ton CSE. « C’est un long travail d’acculturation visant à faire évoluer les habitudes. On ne peut pas tout changer d’emblée, au risque de braquer les gens », explique Dorian. Pour favoriser ce travail de sensibilisation, la ComEnvi a invité les membres de la commission ASC et a fait intervenir les membres de la coopérative Représente.org (elle propose d’accompagner les CSE dans le verdissement de leurs activités).
C’est enfin par le biais de newsletters régulières et de formations (les membres de la section syndicale ont suivi un atelier « Inventons nos vies bas carbone ») que cette dernière renforce son action. Avec, finalement, un succès inattendu : « À l’approche des dernières élections, lorsque nous avons cherché des candidats pour étoffer les listes, certains nous ont rejoints parce qu’ils étaient séduits par notre action en faveur de la transition écologique », indique Anne-Claire. Elle est convaincue que « le renouvellement de nos forces militantes passe aussi par ces sujets-là ». Selon Dorian Chilla, il est plus que temps qu’une nouvelle génération de militants prenne le relais et que les délégués syndicaux notamment s’investissent dans la formation CFDT « Agir pour la transition écologique dans mon entreprsie, mon administration ».