Budget : le bout du tunnel, enfin

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iconeExtrait de l’hebdo n°3952

Avec un mois et demi de retard, la France a finalement un budget, depuis le 6 février, date de son adoption par le Sénat. La CFDT estime qu’il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle, même si la manière dont ce budget a été élaboré n’a pas permis d’avoir un véritable débat – ce qui rend les coupes budgétaires d’autant plus difficiles à accepter.

Par Jérôme Citron— Publié le 11/02/2025 à 13h00

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© Éric Tschaen/RÉA

Le budget 2025 ne peut faire que des mécontents. Fruit d’un improbable compromis politique mêlant le Parti socialiste au groupe Les Républicains pour éviter une nouvelle motion de censure, il se caractérise plus par des coups de rabot sans grande cohérence que par des choix clairement assumés. Le tout dans un contexte économique difficile, réduisant encore les marges de manœuvre de l’exécutif. « Ce budget ne peut qu’être mauvais car non débattu, résume abruptement le secrétaire national de la CFDT Luc Mathieu. Alors que l’état de nos comptes publics exige de se poser, de définir les priorités du pays, de réfléchir à l’efficience des politiques publiques et d’embarquer le plus grand nombre, la situation politique conduit à repousser une nouvelle fois les vrais débats que nous devons avoir. »

Néanmoins, la CFDT se réjouit qu’un budget ait été adopté, même si le texte final reste socialement injuste et ne porte aucune ambition écologique. « Il fallait sortir de cet immobilisme pour mieux répondre aux attentes du monde du travail, a réaffirmé Marylise Léon sur France Info, la semaine dernière. La situation de blocage politique générait énormément d’inquiétude chez les salariés et avait un impact économique pour les entreprises. » Les partenaires sociaux (à l’exception de la CGT) avaient d’ailleurs appelé à sortir de cette crise dès le mois de décembre 2024. Dans un texte commun publié le 17 décembre, syndicats et patronat alertaient alors les responsables politiques sur les risques que faisait peser le climat d’incertitude sur l’économie du pays.

Forte demande d’économies, grosses difficultés à venir

Si l’on se penche à présent sur le contenu du budget, force est de constater qu’il se caractérise par une forte demande d’économies, laquelle risque d’entraîner de grosses difficultés dans les mois à venir. Seuls trois ministères sont relativement épargnés : la Défense, l’Intérieur et la Justice. À l’inverse, le ministère du Travail est le plus impacté. Ses crédits sont en baisse de 17 % (une économie de 4 milliards d’euros est demandée), notamment via la baisse des primes à l’embauche des apprentis, des emplois aidés ou encore des crédits destinés aux demandeurs d’emploi.

L’écologie semble également une variable d’ajustement budgétaire. Les fonds consacrés au verdissement du parc automobile, par exemple, diminuent de 1 milliard d’euros. Enfin, le budget de l’Éducation nationale reste quasi stable en apparence, mais cela signifie des efforts afin de compenser la hausse des prix, évaluée à 1,3 milliard. Les fameux 4 000 postes d’enseignants qui devaient disparaître mais qui, in fine, ont été sauvés devront être financés à budget constant. Les autres baisses notables impactent les ministères de la Recherche (700 millions d’euros en moins), du Sport (300 millions en moins) ou des Affaires étrangères (230 millions en moins).

La nature des recettes du budget 2025

Côté recettes nouvelles, on retrouve les fameuses hausses exceptionnelles d’une année sur le revenu des ménages les plus aisés (2 milliards attendus) et la contribution sur les bénéfices des grandes entreprises (8 milliards attendus). Différentes petites mesures viennent s’ajouter à ces deux grandes mesures emblématiques tels le renfort du malus pour l’achat de véhicule thermique et le relèvement de la TVA de 5,5 % à 20 % sur les abonnements au gaz et à l’électricité à partir du 1er août, ou encore la hausse de la taxe sur les billets d’avion.

À propos de l'auteur

Jérôme Citron
rédacteur en chef adjoint de CFDT Magazine

« Préparé dans l’urgence et avec très peu de concertation, ce budget est très fragile, conclut Luc Mathieu. Il a le mérite d’exister mais il ne faudrait pas que l’élaboration du budget 2026 conduise à cette même situation de blocage, qui empêche que ne soit prise toute mesure ambitieuse ou structurante. »