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Extrait de l'hebdo n°3960
Le Premier ministre est venu présenter, le 1er avril, devant les membres du Conseil économique, social et environnemental, les priorités de travail de son gouvernement, auquel il souhaite les associer. Il a notamment confié à la troisième assemblée constitutionnelle de la République l’organisation d’un débat national, “Qu’est-ce qu’être français ?”.

« Ne croyez pas que je sois devant vous par hasard. » Alors que le projet de loi de simplification de la vie économique actuellement discuté au Parlement prévoit – à la demande des groupes Liot, RN et LR – la suppression des Ceser1, François Bayrou est venu rassurer sa représentation nationale, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), quant aux intentions du gouvernement à ce propos.
« Dans les temps troublés que nous vivons, il est crucial de partager la charge de la démocratie ; que la société ait d’autres moyens de se faire entendre que par le suffrage ou le blocage », a lancé le Premier ministre à la tribune du palais d’Iéna. Preuve de sa confiance, il demande au Cese l’organisation d’un grand débat national sur le thème « Qu’est-ce qu’être français ? ». « Les Ceser seront un puissant point d’appui pour qu’il se développe partout sur le territoire de notre pays », a-t-il justifié, proposant que le débat parte de textes existants ou à écrire. Le Premier ministre s’engage d’ailleurs à en fournir un lui-même.
La légitimité des Ceser est réaffirmée
« Le gouvernement reconnaît la légitimité des Ceser. C’est une bonne chose pour la démocratie sociale, a réagi Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT. Mais nous restons vigilants quant au sujet confié et serons là pour peser dans les débats, que ce soit au niveau régional ou national. » Thierry Beaudet, le président du Cese, est également resté prudent face à cette proposition : « Ce débat sera utile à deux conditions : ne pas être récupéré par une idéologie ou un calcul électoral, quels qu’ils soient. Et qu’il soit mis en rapport avec les premiers sujets de préoccupation des Français tels que la santé, l’éducation, l’accès aux services publics. »
Outre cette proposition, François Bayrou a détaillé ses principaux chantiers pour les mois à venir. Il a notamment insisté sur le besoin de rééquilibrage des finances publiques. « Je suis désolé d’être sincère mais nous n’avons pas assez de sous », a-t-il ainsi répondu aux diverses associations le sollicitant sur les nombreux projets en suspens, avant de dresser un constat alarmiste quant à l’état de l’action publique : « Nos concitoyens sont découragés par l’impuissance publique. Là est le plus grand danger : les voir se détourner du débat et des institutions de la démocratie elles-mêmes. » Éducation, santé, service public… Le Premier ministre a pointé « un problème général d’organisation de chacun des domaines de notre action publique ». « Je nous appelle à une action immédiate, dans les domaines les plus identifiables de notre déficit d’efficacité », a-t-il demandé au Cese, souhaitant le voir associé à ces travaux comme un « expert de terrain, expert des usagers ».
Le grand chantier de la simplification
Dernier grand chantier évoqué : la simplification contre « la paperasse, la bureaucratie, les normes qui n’ont pas d’utilité », a résumé le locataire de Matignon. « Votre intervention ne manquera pas de donner des pistes de travail à notre assemblée », a conclu le président du Cese, Thierry Beaudet.