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Extrait de l'hebdo n°3963
Le système de modulation des cotisations employeurs n’ayant pas fait la preuve de son efficacité, les partenaires sociaux discutent des ajustements nécessaires afin de remédier aux failles du système. Pour les organisations syndicales, il s’agit d’améliorer la qualité des emplois proposés… quand le patronat, lui, rêve d’enterrer un dispositif qu’il dénigre depuis sa mise en œuvre.

Ce qui devait être la séance conclusive de la négociation relative au bonus-malusDispositif de modulation de la cotisation chômage employeurs visant à limiter le recours abusif aux contrats courts. n’aura finalement duré qu’un peu plus d’une heure, le temps pour les délégations syndicales et patronales de fixer une troisième et ultime date à l’agenda : le 27 mai prochain. Un délai demandé et obtenu par la CFDT pour « expertiser toutes les issues possibles », justifiait son chef de file Olivier Guivarch à l’issue de la séance.
Queue de comète de l’accord de novembre 2024 sur les règles d’assurance chômage, cette discussion, ardemment demandée par le patronat, doit permettre de trouver des « ajustements » possibles au bonus-malus sectoriel – imposé par l’exécutif en 2019 et appliqué depuis le 1er septembre 2022. Dans le camp patronal, l’objectif est clair : vider le dispositif actuel de sa substance en sortant un maximum de motifs fin de contrats du périmètre d’application (ruptures conventionnelles, CDD de remplacement mais aussi contrats saisonniers, licenciements pour faute…) ou en ne retenant que les fins de contrat de moins de trois mois. Dernière piste, particulièrement poussée par le Medef : abaisser à 120 % le taux de séparation servant de seuil à la sélection des secteurs éligibles au dispositif. Actuellement, sept secteurs sont concernés par un taux fixé à 150 %.
Les conséquences d’un statu quo
Ce statu quo aurait comme conséquence, selon les derniers chiffrages de l’Unédic, de faire entrer le médico-social dans les secteurs éligibles au bonus-malus – ce que certaines organisations accueillent positivement. Juridiquement parlant, le statu quo permettrait également de faire perdurer le dispositif actuel, qui continuerait ainsi à s’appliquer dans le cadre de la convention d’assurance chômage en vigueur jusqu’en 2028, estime Olivier Guivarch. « Quand bien même on discuterait de certains paramètres, cela ne change pas les pratiques des entreprises vis-à-vis d’un dispositif qui, de l’aveu même des organisations patronales, n’incite pas les employeurs à limiter leur recours aux contrats courts […]. Dès lors, le sujet de fond n’est pas tant de discuter d’ajustements techniques que de l’incitation à proposer des emplois de meilleure qualité. » Or, le temps n’est guère à une discussion d’ensemble posée, « dans une période relativement tendue sur le plan des relations sociales », admet le secrétaire national CFDT.
Le sujet renvoyé à l’agenda autonome ?
Surtout, la proposition patronale d’enterrer le bonus-malus sectoriel pour l’englober dans une négociation plus large portant sur le recours aux contrats courts – tel que le mentionne l’article 1er du projet d’avenant transmis le 16 avril dernier – chiffonne quelque peu la CFDT. Au-delà du flou qui entoure cette proposition quant aux tenants et aux aboutissants d’une telle négociation, le fait de fixer, dans le cadre d’un groupe paritaire technique sur l’assurance chômage, un élément central de dialogue social qui touche au marché du travail n’est pas anodin… Le patronat ne s’en cache d’ailleurs pas, répétant à l’envi sa volonté farouche de mettre fin à un système (bonus-malus) qu’il juge « délétère, incompréhensible, complexe et inefficace » et ainsi couper l’herbe sous le pied de l’exécutif avant la prochaine élection présidentielle…