Aux douanes d’Orly, la CFDT prend régulièrement le pouls des agents sur leurs conditions de travail

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iconeExtrait de l’hebdo n°3920

Dégradation des conditions et de la qualité de vie au travail, manque d’effectifs, perte de sens… Chez les douaniers de la zone aéroportuaire francilienne, rien ne va plus. Un état de fait que refuse la section CFDT, bien décidée à changer la donne.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 21/05/2024 à 12h00

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© Romain Gaillard/RÉA

« Vous êtes souvent les seuls à taper sur la table. » Cette confession, Mathias Didas, secrétaire de la section CFDT des douanes de l’aéroport d’Orly, l’a recueillie à l’occasion de sa dernière tournée syndicale. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, elle émanait d’un adhérent… d’une organisation concurrente. Il faut dire que la section CFDT a le vent en poupe. En décembre 2023, elle a remporté les élections professionnelles, devant Solidaires et la CGT… Une petite révolution au sein de la zone aéroportuaire, où la CGT était majoritaire depuis de longues années.

« Nous avons complètement repensé nos pratiques », explique Mathias quand on lui demande ce qui a fait basculer l’échiquier syndical. Il y a deux ans, les militants CFDT ont fait le choix du terrain en systématisant les tournées de service, a minima deux fois par mois : ici, c’est conseils, recueil de doléances, goodies et bulletin d’adhésion pour chacun des agents croisés. « On se revoit dans quinze jours », conclut Mathias après chacun des échanges. « Cette proximité s’est rapidement avérée payante, dans les urnes et dans les adhésions. » D’une poignée en 2018, les adhérents représentent aujourd’hui 10 % des agents en poste.

« Il y a une hémorragie dans nos brigades »

Dans la période, les échanges tournent souvent autour des mêmes sujets : les effectifs et les conditions de travail. « Cela fait plusieurs mois que la direction fait monter la pression sur les agents, alertait d’ailleurs un communiqué intersyndical en février dernier. Malgré une année record en matière de contentieux, elle en veut toujours plus avec moins d’effectifs, et les agents sont au bord de l’explosion. Plus de tabac, plus de stupéfiants, plus de mépris. Un seul mot d’ordre : du chiffre, du chiffre, du chiffre. » Dans les services, les arrêts maladie sont en hausse et les demandes de mutation se multiplient. Le télétravail est devenu un palliatif, une occasion de fuir un environnement de travail dégradé. « Nous devrions être au minimum cinquante dans chacune des trois brigades. Actuellement, il est très difficile d’atteindre le nombre minimum d’agents. Il y a une hémorragie dans nos brigades, précise Mathias.

La CFDT et l’intersyndicale d’Orly dénoncent pêle-mêle la perte d’initiative des agents, l’obligation de réaliser des contrôles imposés par l’encadrement ou encore la suppression des pauses au sein de l’une des brigades. « Il y a un manque réel de confiance envers les agents, surtout vis-à-vis des chefs d’équipe. Ils poussent les agents à bout et sont en train de détruire Orly. Je ne pensais pas qu’on pourrait vivre ce genre de situation en 2024 », déplore Mathias.

Au service des opérations commerciales, l’accès au service de restauration est venu s’ajouter à la problématique générale. « Nous avions une cantine à trois minutes à pied. Elle a fermé. Il nous faut désormais plus de vingt minutes (ou emprunter les transports en commun, à nos frais), avec un temps de pause qui est toujours le même », explique Deborah, élue CFDT qui a rejoint la section il y a dix-huit mois.

Une gestion devenue trop toxique

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Guillaume Lefèvre
Journaliste

« Il est essentiel que vous remplissiez des fiches de signalement décrivant votre situation. C’est comme ça que nous pourrons faire bouger les choses », insiste Mathias auprès des agents qui expriment leur mal-être. Des fiches de signalement, plusieurs lui ont déjà été adressées. Une bonne nouvelle pour le syndicaliste et de l’eau au moulin pour la CFDT. « Les agents sont sous tension, c’est le résultat d’une gestion devenue toxique, prévient Mathias, qui avait donné rendez-vous aux agents courant avril pour une heure mensuelle d’information syndicale avec une discussion sur les suites à donner. Sur la question du management, comme sur les autres, on ne lâchera pas. » Les revendications de la CFDT sont simples. « Nous demandons à être respectés, reconnus dans notre travail et dans nos missions, à retrouver notre autonomie qui est le cœur du métier de douanier. Nous demandons aussi l’instauration d’un dialogue social de qualité au sein de la direction d’Orly. » L’occasion pour Mathias de rappeler que, depuis 2021, la section se battait pour obtenir un local syndical. Après trois ans, elle a fini par avoir gain de cause. « “Jamais de la vie”, m’avait-on dit à l’époque, se souvient Mathias sourire aux lèvres. Mais la ténacité fait partie de l’ADN de la CFDT. »