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Extrait de l’hebdo n°3899
L’Observatoire des inégalités a publié son premier rapport sur les discriminations en France. Leur fréquence atteste de nombreux dysfonctionnements dans la société.
L’Observatoire des inégalités a publié, le 28 novembre dernier, son premier rapport sur les discriminations en France. Le document compile plusieurs études et statistiques disponibles sur les discriminations qui ont cours dans la société française en lien avec l’origine, le sexe, le handicap, l’orientation sexuelle… ou encore l’appartenance syndicale. Il pointe notamment une hausse des actes de violence enregistrés ces dernières années et alerte sur les risques de dérives.
« Si nous publions ce rapport aujourd’hui, c’est qu’un discours que l’on pensait ne jamais réentendre en France se réveille », s’alarme ainsi Anne Brunner, directrice des études, et Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, en avant-propos. Un volet est consacré aux discriminations en lien avec le travail. Hasard du calendrier, ce rapport paraît alors qu’est examinée à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à lutter contre les discriminations par la pratique de tests individuels et statistiques mais aussi le très controversé projet de loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration », qui réveille les discours racistes.
Les difficultés pour les candidats étrangers et handicapés
L’organisme indépendant rappelle notamment qu’en matière d’emploi, les discriminations se cumulent. Si les données sont connues, il n’est pas inutile de les rappeler. Un candidat au nom français a près de 50 % de chances supplémentaires d’être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin. Un candidat handicapé (sourd, mais appareillé et apte au poste) subit également une discrimination « du même ordre de grandeur ».
L’Observatoire des inégalités rappelle également que 5,4 millions d’emplois demeurent fermés aux étrangers non ressortissants de l’Union européenne, l’équivalent de près d’un emploi sur cinq en France. Pour l’essentiel (4,1 millions), il s’agit de postes de la fonction publique ou de postes parapublics, mais plus d’un million d’emplois du secteur privé sont aussi difficilement accessibles aux étrangers du fait des conditions de diplôme requises ou d’une procédure d’autorisation préalable nécessaire afin d’exercer ces métiers (médecins, avocats, etc.). « L’ambiance générale vient renforcer les discriminations, affirme Christophe Dague, secrétaire confédéral en charge des discriminations. Si l’étude n’apporte rien de nouveau, elle a le mérite d’objectiver les discriminations par un acteur indépendant et reconnu. »
Bonne nouvelle malgré tout : les femmes ne seraient plus discriminées à l’embauche, elles seraient même avantagées en ce qui concerne les postes d’encadrement…