Après avoir remporté une nouvelle fois les élections, les militants CFDT de la section du centre hospitalier universitaire de Rouen entendent continuer à porter la parole des agents et défendre le service public hospitalier.

« On sait naviguer seul ! », se félicite Céline Blondiaux, infirmière et secrétaire de la section du centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen depuis 2014. Une qualité précieuse en Normandie, dans une ville qui accueille régulièrement l’un des plus grands événements maritimes au monde, lors de sa célèbre armada. Depuis vingt ans, la CFDT est la première organisation syndicale au sein de l’établissement public. « Nous travaillons pour les agents. On ne regarde pas ce que fait telle ou telle organisation. Cela ne nous intéresse pas », affirme Peter Baudin, aide-soignant. Une stratégie payante. En décembre 2018, les 8 000 agents de l’hôpital ont renouvelé leur confiance à l’équipe CFDT. La section a remporté 33 % des suffrages, loin devant FO (16 %) et la CGT (15 %). Un écart qui ne cesse de se creuser, élections après élections. « En 2011, nous étions déjà les premiers, mais avec seulement 20 % des voix », rappelle Céline.
Un travail de terrain quotidien
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La section, forte de ses 340 adhérents, livre les secrets de sa réussite. En 2016, alors que le dialogue social n’est pas au beau fixe au sein de l’établissement, une intersyndicale se met en place et fait le choix de boycotter les instances. Une décision jugée un temps pertinente par la section. « Mais nous nous sommes rapidement rendu compte que cela ne menait à rien. Alors on a décidé de reprendre le chemin des négociations. » Et dans l’établissement, le choix de la section est loin de faire l’unanimité. Lors des comités techniques d’établissement ou des CHSCT, Peter se souvient d’élus CFDT hués et malmenés. « On a refusé la politique de la chaise vide. Les agents auraient été les grands perdants. » Les militants ont donc décidé de se relever les manches et d’aller faire le tour des services. Ils ont rencontré les agents les uns après les autres et ont fait œuvre de pédagogie. Il a fallu s’expliquer et rendre des comptes. « On a dit aux collègues que si on continuait à aller dans les instances, c’était pour pouvoir les défendre et dire haut et fort que l’on n’était pas d’accord avec la direction, résume Peter. Et ils ont rapidement compris l’utilité de notre démarche. » La meilleure preuve ? Après dix-huit mois d’absentéisme, les autres syndicats, sous la pression des agents, ont fini par revenir autour de la table.
Pendant ces dix-huit mois, outre le fait de siéger dans les instances, la section CFDT a continué son travail de terrain et de proximité. De jour comme de nuit, les militants ont visité les cinq sites que compte l’hôpital, mis en place des permanences hebdomadaires, voire quotidiennes, afin d’entendre les inquiétudes et de remonter les difficultés. Ces tournées dans les services sont d’ailleurs l’occasion pour la CFDT de distribuer le guide sur la gestion du temps de travail au sein du CHU. Un document de référence, estampillé CFDT, qui rappelle aux agents l’ensemble de leurs droits. « Sur le temps de travail notamment, souffle une urgentiste. On ne peut pas dire que le respect des horaires est une priorité de la direction. Et si chaque agent a théoriquement le droit à une pause réglementaire, rares sont les services où celle-ci est respectée. C’est toujours bien de rappeler les bases. »
Il est important pour l’équipe de pouvoir répondre présent en continu – et ce, dans tous les secteurs. C’est d’ailleurs l’une des fiertés de la section. « Au sein de notre conseil syndical, il y a tous les grades, toutes les professions, on représente toutes les catégories de personnels. Et puis il y a même des médecins qui voudraient nous rejoindre, plaisante Céline, alors on les envoie vers le Syncass [Syndicat CFDT des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés] ! »
À l’écoute des agents…
En Seine-Maritime, comme dans la plupart des hôpitaux français, les agents sont en souffrance. En 2017, 512 000 personnes se sont présentées dans les différents services de l’hôpital. Un nombre qui progresse chaque année, sachant que le surcroît de travail doit être absorbé à effectifs constants. « On fait face à un afflux toujours plus important de patients et à un épuisement des agents », soupire Céline. Alors la section fait le job et décide de consulter, pendant plusieurs semaines, les agents à propos de leurs conditions de travail. Elle crée et met à leur disposition un cahier de doléances dans lequel chacun est invité à exprimer ses besoins et à raconter son quotidien. Les témoignages affluent, par centaines. Les agents y avouent leur impuissance, dénoncent des conditions d’accueil indignes des patients. Ils disent leur détresse à ne pas pouvoir prendre en charge correctement certains malades, par manque de temps. Ils expriment aussi des…