Atos : nouvelles incertitudes après la défection de Layani

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iconeExtrait de l’hebdo n°3927

L’interminable saga pour le sauvetage d’Atos connaîtra-t-elle bientôt son dénouement ? La défection de l’entrepreneur David Layani, dont l’offre avait été choisie par le conseil d’administration, le 10 juin, a relancé les incertitudes quant à l’avenir du groupe. Une nouvelle proposition émanant des créanciers et banquiers d’Atos est sur la table.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 09/07/2024 à 12h00

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© LimaG/RÉA

À la mi-juin, la descente aux enfers du groupe Atos, entreprise du numérique comprenant 94 000 salariés dans le monde (dont 10 000 en France), semblait, au moins provisoirement, prendre fin. Après des mois de tractations et de rebondissements, le conseil d’administration choisissait l’offre de reprise de l’entrepreneur David Layani, la préférant à l’offre présentée par l’homme d’affaires et milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (qui s’est illustré en reprenant notamment le groupe Casino).

1. Les activités d’infogérance sont regroupées dans l’entité Tech Foundations ; les activités cyber, big data et cloud le sont au sein d’Eviden. La CFDT est première organisation syndicale chez Eviden et deuxième chez Tech Foundations.

Après moins de trois semaines, nouveau coup de théâtre : Layani, le créateur de Onepoint – qui s’était associé au fonds d’investissement Butler Industries et à Econocom (groupe industriel spécialisé dans la transformation digitale des entreprises et des organismes publics) pour son offre de restructuration financière –, jetait l’éponge et démissionnait du conseil d’administration. Ce qui a provoqué la consternation des salariés, des organisations syndicales et, plus largement, des acteurs économiques. L’interminable saga du sauvetage de la faillite du groupe spécialiste de l’infogérance – en l’occurrence la gestion des données des entreprises1 –, également présent dans des domaines stratégiques tels que les supercalculateurs et les commandes numériques pour les centrales nucléaires, n’aurait-elle jamais d’issue favorable ?

Une nouvelle offre…

Sans attendre, dès le 30 juin, un consortium composé de créanciers et de banques soutenant Atos annonçait une nouvelle offre visant à reprendre et sauver Atos. Cette dernière comporte une réduction de la dette de 3,1 milliards d’euros (sur les 5 milliards de dette qui étrangle Atos), un apport de 1,5 milliard d’euros et une augmentation de capital de 233 millions d’euros.

À une grosse quinzaine de jours de l’ouverture des Jeux olympiques, dont Atos est un partenaire clé (il assure une grande partie du contrôle informatique des opérations comme les retransmissions des résultats…), la nouvelle de cette possible reprise ne supprime pas toutes les inquiétudes. Certes, cette offre conséquente est susceptible de redonner une chance à l’ancien fleuron français… embourbé dans une crise financière depuis plus de trois ans. Mais elle met le groupe à la botte des créanciers. « On ne sait pas comment tout cela va atterrir », admet Alia Iassamen, la coordinatrice CFDT du groupe Atos Eviden, qui travaille d’arrache-pied sur ce dossier depuis des mois, accompagnée par un groupe de travail composé de responsables des fédérations CFDT F3C et FGMM (Atos étant présent dans ces deux champs d’activité) et de la Confédération.

… Mais les incertitudes demeurent

À propos de l'auteur

Emmanuelle Pirat
Journaliste

Les incertitudes concernant le groupe (quel projet industriel ? maintien de l’unité du groupe ou vente à la découpe ultérieure ?) et l’avenir de ses salariés demeurent vives. Quant aux interrogations relatives au devenir des activités stratégiques d’Atos, elles ne sont pas levées. Que deviendra la proposition faite par l’État le 15 juin dernier, consistant à reprendre sous son aile la partie BDS (qui regroupe les activités de cybersécurité) pour un montant de 700 millions d’euros ? Que décidera le gouvernement constitué à l’issue des élections législatives ? À la mi-juin, les militants CFDT d’Atos exprimaient leur besoin de voir défini un cap clair, d’« une boussole pour la relance industrielle du groupe. Il faut un projet qui puisse remobiliser, redonner confiance aux salariés comme aux clients ». Des espoirs qui, pour l’instant, restent en suspens.