Accueillir la maternité des agentes

iconeExtrait du magazine n°505

Chaque année, une centaine de femmes travaillant au Centre hospitalier de Béziers (CHB) donnent naissance à un enfant. L’établissement a adopté une série de mesures afin d’accompagner les mères dans cette période de leur vie.

Par Claire Nillus— Publié le 12/07/2024 à 12h00

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© Pierre Ribelaygue

«Quand j’ai attendu mon premier enfant, en 2018, il n’y avait pas encore de places de parking dédiées aux agentes enceintes, pas de tenues de grossesse pour le personnel ni de salle d’allaitement comme maintenant », explique Laurie Cambon, ingénieure hospitalière au Centre hospitalier de Béziers (CHB), dans l’Hérault.

Au sein d’un groupe de travail « grossesse et travail », mis en place en 2020 dans le cadre du plan d’action pour l’égalité professionnelle de l’établissement, Laurie a pu, comme d’autres salariées de l’hôpital, faire part de son vécu et proposer ses idées.

Ensemble, médecins et personnel non médical, assistance sociale et membres des ressources humaines ont réfléchi à ce qui pouvait aider concrètement les femmes enceintes à mieux concilier leur maternité et leur travail, à commencer par l’accueil réservé à chaque déclaration de grossesse.

Laurie Cambon, ingénieure hospitalière.
Laurie Cambon, ingénieure hospitalière.© Pierre Ribelaygue

Offrir une alternative aux futures mères

1. Le Syndicat CFDT des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés.

« C’est un problème pour tout le monde que les femmes s’absentent. Beaucoup d’entre elles nous ont parlé de la joie d’être enceinte couplée à l’appréhension de l’annoncer dans leur service. Nous, nous avons inversé le point de vue : c’est une bonne nouvelle et il faut l’accueillir ! Dès que nous avons connaissance d’une nouvelle grossesse, nous envoyons un courrier de félicitations et nous offrons un cadeau. Le courrier invite l’employée à un entretien avec la référente égalité de l’hôpital au cours duquel seront abordés ses droits, les possibilités d’aménagement de son poste jusqu’à son congé maternité ainsi que son retour », précise Sophie Barre, directrice des ressources humaines et membre du Syncass-CFDT1.

Sophie Barre, directrice des ressources humaines.
Sophie Barre, directrice des ressources humaines.© Pierre Ribelaygue

Autre constat : en milieu hospitalier, les femmes enceintes s’arrêtent souvent dès l’annonce de leur grossesse. Parce qu’elles sont soit agente d’entretien, infirmière de bloc opératoire, infirmière de nuit ou urgentiste, leur métier comporte des risques.

« Ces absences – que les hommes ne vivent pas –, ce sont parfois des opportunités ou des formations manquées. Ce qui génère des inégalités de carrière. Nous voulons donner aux futures mères une alternative. Celle de pouvoir continuer à travailler sans craindre pour leur santé, en leur proposant un autre poste, qui leur permet de rester actives le plus longtemps possible si elles le peuvent, ou de suivre une formation pour mettre à profit ce temps et acquérir de nouvelles compétences. C’est gagnant-gagnant. »

Le retour au travail est souvent un moment de grande vulnérabilité. Loin de l’image béate de la maman comblée, il y a les nuits courtes, un mode de garde plus ou moins choisi, les maladies infantiles qui s’enchaînent.

Le CH de Béziers a également décidé de traiter le sujet de la parentalité de manière institutionnelle. On félicite, on encourage, mais la grossesse signifie tout de même une personne en moins pendant plusieurs mois et les équipes ont besoin, elles aussi, d’être accompagnées. Pendant cette absence « normale et réelle », il faudra assurer la permanence des soins, les prises de congés, le respect des plannings.

« Aucun cadre ne doit se retrouver seul à gérer la situation, explique Philippe Banyols, le directeur, lui aussi adhérent au Syncass-CFDT. Le recours à des remplaçants et des intérimaires est utile, mais c’est collectivement que l’on s’ajuste, par la solidarité entre les services, par le soin que nous mettons lors des recrutements à rappeler les valeurs qui nous tiennentà cœur. La grossesse et l’égalité de traitement entre agents en font partie. »

Après la naissance

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Le retour au travail est souvent un moment de grande vulnérabilité. Loin de l’image béate de la maman comblée, il y a les nuits courtes, un mode de garde plus ou moins choisi, les maladies infantiles qui s’enchaînent. Là encore, le soutien est bienvenu. Les femmes peuvent faire appel, gratuitement, aux services d’une coach extérieure à l’hôpital. Avant la reprise, elles auront un entretien avec le service des ressources humaines afin de faire le point sur leur situation. Tout est résumé dans un guide spécifique, « Mon carnet de grossesse », qui contient les informations à connaître pour aménager ses horaires, prendre un congé parental, demander un temps partiel, etc.

En 2023, le CHB fait partie des quelques établissements publics ayant obtenu le label Égalité professionnelle délivré par l’État et l’Afnor. « Au-delà de la certification, il y a la volonté de construire un environnement professionnel où l’on se sent bien, où l’on a envie de rester et ne pas être condamnée à devoir choisir entre sa vie personnelle et son évolution de carrière. On le doit aux femmes dans un secteur où elles sont de plus en plus nombreuses », assure Sophie Barre.

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© Murielle Guillard -CFDT Magazine