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Extrait de l'hebdo n°3953

Les salariés sont encore sous le choc. Quatre mois après l’annonce d’un plan social d’envergure, l’équipementier automobile strasbourgeois Dumarey Powerglide a fini par obtenir le feu vert de l’administration, entérinant, à compter du 18 février, le licenciement de 237 des 580 salariés que compte l’usine. L’entreprise (elle produit des composants et des boîtes de vitesses) fait les frais de la restructuration de son principal client, l’équipementier allemand ZF – qui annonçait l’année dernière la suppression de 30 000 emplois à travers le monde et 14 000 en Allemagne. « La société ZF a annoncé la fin de ses commandes de boîtes de vitesses à compter du 30 août dernier, faisant perdre au site 85 % de son chiffre d’affaires », expliquait alors l’intersyndicale CFDT-CGT de l’usine dans un communiqué en septembre 2024, quelques jours avant l’annonce du PSE.
À l’issue d’une grève de onze jours, en novembre 2024, l’intersyndicale CFDT-CGT avait obtenu quelques mesures financières – notamment une indemnité supralégale comprise entre 20 650 et 50 650 euros selon l’ancienneté et une enveloppe de 75 millions d’euros pour les mesures du PSE. Mais ni la CFDT ni la CGT n’ont finalement accepté de ratifier l’accord, regrettant notamment le refus de la direction d’ouvrir les départs volontaires dans les catégories d’emplois entièrement supprimées.
Transmis à la Dreets1 de manière unilatérale par l’employeur, le PSE a finalement été homologué par l’administration fin janvier 2025. « Nous sommes très inquiets pour les salariés, notamment les licenciés contraints car ce sont des salariés avec des petites classifications, moins formés et percevant des salaires plus bas. La plupart ont entre 35 et 40 ans de boîte, ils n’ont connu que cette entreprise. C’est un déchirement pour eux », raconte Laurent Julien, le secrétaire CFDT du CSE de Dumarey.
Deuxième vague de licenciements
Olivier Delacourt, secrétaire général du Syndicat CFDT Métallurgie Alsace, craint une deuxième vague et, rapidement, la fermeture de l’ensemble du site strasbourgeois. « Avec 75 millions d’euros d’enveloppe globale, ils ont provisionné pour l’ensemble des salariés, afin de ne pas avoir à y revenir une deuxième fois. » Le responsable syndical voit également « la valeur du terrain de Dumarey Powerglide, installé sur les bords du Rhin, estimé à 600 ou 700 millions d’euros, ce qui n’a pas échappé à Dumarey à l’époque du rachat de General Motors, en 2014. Connu comme un acheteur compulsif d’entreprises en mauvaise santé, il a racheté les emplois sans penser que l’activité tournerait. Mais le fait de ne travailler qu’avec un seul client, en l’occurrence ZF, était extrêmement risqué ». Les premiers salariés commencent déjà à en faire les frais. Et le pire est à venir…