Seule organisation syndicale à avoir progressé en nombre de voix aux dernières élections de Transpole, la section CFDT a également doublé le nombre de ses adhérents. Sa recette : changer l’image du syndicalisme dans son entreprise.

Être plus visible et plus facilement joignable, un facteur de développement pour la CFDT Transpole ? « Incontestablement », répond Anthony Kowalczuk, élu délégué syndical CFDT de Transpole depuis mai 2017.
Présente dans l’entreprise depuis vingt-huit ans, la CFDT avait perdu sa représentativité en 2009. Elle l’a retrouvée en 2013 avec 11 % des voix. En 2017, elle a doublé son nombre d’adhérents. Si elle reste troisième organisation syndicale, elle est la seule à progresser (14 %) tandis que FO n’est plus représentative et que Sud, qui totalise encore 20 % des voix, n’en recule pas moins de 10 points.
Pour la CFDT, le plus significatif à l’issue de ces élections est d’avoir réussi à s’implanter dans le premier collège (les ouvriers et les employés), dont elle était jusque-là absente. La section récolte les fruits d’un travail de proximité engagé depuis 2013 et a bénéficié d’un renouvellement générationnel au sein de son bureau : quatre jeunes militants travaillent en bonne intelligence avec quatre « anciens ». Ces derniers apportent leur connaissance des dossiers, des accords de branche… et des pièges à éviter. Les « nouveaux » ont décidé d’être plus présents sur le terrain en développant la communication à destination des adhérents pour faire connaître leur action. « La traversée du désert correspondant à la période 2009-2013 a été rude, se souvient Anthony. Dans un premier temps, nous avons cherché des militants disponibles dans toutes les unités, pour qu’ils nous représentent sur le terrain. » L’idée était de rencontrer les salariés avant ou après leur service dans les dépôts. Aux heures de pointe, près de 200 conducteurs sont présents en salle de service.
De l’individu au collectif
Combiner proximité et expérience Communiquer mieux et plus Montrer un front syndical uni et fort |
Au début, Anthony y allait sur son temps libre, en tant que simple adhérent CFDT avec un pin’s sur sa veste. « Discuter, prendre des nouvelles, apporter des réponses dès que possible. Nous avons peu à peu construit une autre image que celle laissée par nos prédécesseurs. Nous voulions montrer que nous sommes là pour améliorer le travail, pas pour combattre les autres. Sur nos tracts, il n’y a pas un mot contre les autres organisations syndicales. Depuis quatre ans, nous avons défendu tout le monde. C’est notre marque de fabrique ! »
Devant composer avec 300 métiers différents, la section a prouvé qu’elle était capable de s’adapter au cas par cas et de gérer aussi bien des dossiers individuels que collectifs. « On s’efforce d’être justes, on ne vend pas du rêve », ajoute Fabrice Nam, également délégué syndical.
De fait, les militants s’emploient à résoudre des problèmes très divers : aider un salarié à se reloger après un divorce, un autre à récupérer ses points de permis (un accord de branche de 1993 stipule qu’en cas de retrait de points, l’employeur prend à sa charge une formation qui permet de les regagner) ; contacter les services sociaux pour renouveler une demande auprès de la maison départementale des personnes handicapées ; solliciter une aide exceptionnelle du comité d’entreprise dans un cas de surendettement ; obtenir le reclassement d’un salarié déclaré inapte par le médecin du travail…
Autre besoin identifié : beaucoup de salariés ont demandé à la CFDT de négocier un accord d’entreprise dans l’esprit de la « loi Mathys », de mai 2014, pour que les dons de RTT puissent être possibles entre collègues afin de soulager les aidants familiaux. « C’est en cours », précise Anthony.
Collectivement, la section a réussi à mobiliser un tiers des salariés derrière un front syndical uni : le 20 octobre dernier, pour la première fois depuis très longtemps, les conducteurs de bus se sont mis en grève en intersyndicale, emboîtant le pas au mouvement national du Syndicat national des transports urbains (SNTU) de la CFDT, qui demandait l’ouverture d’une négociation d’un accord de branche sur l’intéressement. « En pleine renégociation de son contrat de service public, la métropole doit comprendre qu’elle ne peut pas nous ignorer, déclare Anthony. Il fallait montrer que nous sommes déterminés, notamment face à des conditions de travail qui se sont…