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Extrait de l’hebdo n°3908
Les cheminots CFDT de Paris Nord ont de l’énergie à revendre. Ils tournent toutes les semaines dans les services et multiplient les initiatives pour répondre au mieux aux demandes des agents. La dernière en date, un forum sur le logement (organisé avec l’URI Île-de-France) a fait un carton.
1. Un des syndicats de l’Union des sections du syndicat national de cheminots Paris Est, qui englobe les sections de cinq territoires franciliens (Sud Est, Paris Est, Paris Nord, Paris Saint-Lazare, Paris Rive Gauche), soit 16 500 agents.
L’idée est née en septembre 2023, lors des journées « Réponses à emporter » lancées par la CFDT. Invités à un afterwork organisé par la CFDT-Cadres, Frédéric Bellechasse et Christophe Cagnard, deux élus CSE HBK du syndicat CFDT des cheminots de Paris Nord1, rencontrent Géraldine Carbonell, chargé de mission logement à l’Union régionale interprofessionnelle d’Île-de-France. La conversation s’engage et, rapidement, le thème du logement – qui complique la vie de beaucoup de travailleurs franciliens, dont celle des cheminots – s’invite dans les échanges. « Un premier poste à Paris, un logement trop éloigné, trop cher, un divorce, un décès… Beaucoup d’agents ont du mal à se loger ou à se reloger », affirme Frédéric. « Géraldine nous a expliqué la portée de son réseau et la gamme des recours possibles pour que des dossiers de demande aient plus de chances d’aboutir : nous avons pensé qu’il fallait absolument diffuser ces informations aux agents et salariés, adhérents ou non. »
Toujours plus de sollicitations en matière de logement
De son côté, Géraldine Carbonell observe que beaucoup d’élus se trouvent souvent démunis face aux questions de logement alors qu’ils sont de plus en plus sollicités sur cette question. « Il faut accompagner les personnes car c’est devenu très compliqué. Nous conseillons de rassembler le plus d’informations relatives à la situation des demandeurs. On peut avoir besoin de changer de logement pour plusieurs motifs, pas uniquement financiers. Il s’agit parfois d’un problème d’insécurité, d’un problème de santé, et il faut pouvoir étayer cela. Tout ce qui peut justifier une urgence est utile », explique-t-elle. Autre constat : le salarié doit désormais être proactif. « Avant, on déposait une demande auprès d’Action Logement et l’on attendait une réponse. Maintenant, c’est l’inverse. Les offres sont mises en ligne et c’est le salarié qui doit postuler. Les élus doivent s’approprier les nouvelles modalités d’accès aux droits et les dispositifs existants. Nous travaillons pour cela à la mise au point d’un module de formation qui sera disponible en 2024. »
Un premier forum logement très réussi
En mobilisant son réseau de partenaires, Géraldine a pu aider l’Union professionnelle régionale (UPR) Île-de-France CFDT-Cheminots à organiser un forum logement le 20 décembre 2023 dans les locaux de la SNCF. « Nous avons dû refuser du monde ! Nous avions fixé une jauge à cent personnes réparties pour moitié le matin et l’après-midi car nous voulions les accueillir correctement et qu’elles puissent circuler de manière fluide entre les divers stands et s’entretenir avec les partenaires présents, détaille Frédéric. Il va falloir organiser une deuxième session ! »
Quatre associations, acteurs majeurs du logement social, ont répondu à l’appel : Action Logement, l’Agence départementale d’information sur le logement de Seine-Saint-Denis (Adil 93), l’Association pour le logement des jeunes travailleurs (ALJT) et Sofiap, un organisme de prêt. La CFDT d’Île-de-France avait également un stand. « Nous avons fait dix adhésions ce jour-là ! De plus, nous avons collecté les demandes de chacun à l’aide du questionnaire de satisfaction rempli sur place. Les difficultés rencontrées par les personnes qui se sont déplacées ce jour-là vont nourrir très concrètement le revendicatif que nous allons transmettre au Pôle technique national Logement [l’équivalent de la commission logement] de la CFDT-Cheminots. Et, cerise sur le gâteau, tous les salariés ont souhaité être recontactés par la section à l’issue de cette rencontre », se félicite Frédéric.
Le partage de bonnes pratiques
Cette initiative est l’une des réponses aux multiples besoins que les militants perçoivent lors de leurs tournées hebdomadaires. « Pour nous, c’est la base ! Selon les services, on ressent des ambiances de travail différentes, précise Frédéric. Un bonjour accompagné d’un regard inquiet nous renseigne rapidement sur ce que l’on va trouver dans tel ou tel service : des soucis, tensions, conflits internes. Il nous faut parfois plusieurs visites avant de pouvoir créer une relation de confiance et réussir à échanger sur les sujets qui posent un problème. Plus on se montre, mieux ça se passe. »
Ces visites aux équipes permettent aussi de proposer des formations conçues par l’UPR Île-de-France pour les statutaires (par exemple, comprendre sa fiche de paye) et les contractuels (de plus en plus nombreux à la SNCF). « Nous travaillons actuellement à la conception d’un livret d’accueil destiné aux nouveaux militants (valeurs CFDT, formations proposées, moyens syndicaux…). On ne se censure pas, on partage nos idées avec les uns et on s’inspire des bonnes pratiques des autres car il y a des besoins partout ! », assure Frédéric. Avec l’UPR, ils concrétisent ainsi un bel exemple de mutualisation des pratiques avec une journée « Vis ma vie de militant », dont le principe fonctionne à merveille : un militant aguerri prend en charge un nouvel élu qui l’accompagne pendant sa journée.
« Cela m’a appris comment aborder les salariés sans les froisser et à discuter en prenant du plaisir. » Un apprentissage dont se souvient Christophe, et une règle essentielle pour militer avec sérénité.