A La Réunion, la CFDT se bat pour que l’hôpital ait les moyens de son ambition abonné

Créé en 2012 par la fusion des différents sites hospitaliers de l’île, le CHU de La Réunion souffre d’un manque de moyens. Premières victimes ? Les agents. Dans ce contexte compliqué, la CFDT obtient pourtant des résultats.

Par Dominique Primault— Publié le 05/08/2019 à 07h38

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Campé sur les hauteurs de Saint-Denis, le majestueux bâtiment du centre hospitalier universitaire (CHU) de La Réunion surplombe la ville. Du seul CHU de l’océan Indien, la métropole a voulu faire un étendard de la politique de santé nationale. « Les murs ne soignent pas », constate pourtant amèrement Jean-Marc Vélia. Le crâne impeccablement rasé, le sourire constamment accroché aux lèvres, le délégué syndical CFDT du centre hospitalier Félix-Guyon arpente les couloirs de son établissement vêtu de son tee-shirt orange. « C’est notre marque de fabrique », glisse-t-il. Un petit gimmick de communication qui n’est pas gratuit. « Quand on arrive en réunion tous habillés en orange, ça fait son petit effet auprès de la direction. » Et de l’ensemble du personnel. « Nous sommes parfaitement identifiés. On ne se cache pas, on assume notre étiquette. » Plus qu’une coquetterie vestimentaire, le tee-shirt orange envoie un message de cohésion de l’équipe syndicale.

Une CFDT qui s’est adaptée à la nouvelle situation


La cohérence des positions
Au cours du processus de mutualisation des sites, la CFDT est toujours restée cohérente, les différentes équipes se concertant systématiquement avant toute prise de décision. « Dans les instances, on voit parfois les représentants des autres organisations syndicales voter différemment selon leur établissement d’origine, note le délégué CFDT. En ne parlant que d’une seule voix, on se démarque naturellement des autres. Et les agents s’en rendent compte. »

La visibilité des militants
Ça peut sembler secondaire mais voir l’ensemble des militants CFDT arpenter les couloirs de l’hôpital vêtus du tee-shirt orange donne une impression de cohésion qui dépasse tous les discours. « On ne se cache pas, on assume notre étiquette », souligne Jean-Marc Vélia. Ça se voit !

La démonstration par la preuve
Que ce soit pour sauver un service d’une disparition programmée (le service hygiène) ou négocier le niveau d’une prime, les arguments sont toujours étayés par les agents eux-mêmes. « Lors du regroupement, les ingénieurs du nord et du sud de l’île n’avaient pas les mêmes primes, détaille le délégué syndical CFDT. Nous les avons placés en situation d’acteurs de la décision pour aboutir à un rapprochement des deux niveaux. Il y a eu des grincements de dents mais n’étant pas d’accord avec la proposition de la direction, nous nous devions de faire des propositions. »

 

Entamée en 2012, la fusion des différentes entités du CHU réparties sur l’ensemble de l’île de La Réunion n’a été achevée administrativement qu’en 2018. Les équipes syndicales jusque-là totalement distinctes, ont elles aussi dû faire leur petite révolution et travailler ensemble. Toutes les organisations n’ont pas accompagné le mouvement. Contrairement à la CFDT. « Si nous voulons être forts dans l’action, nous devons avoir des revendications communes », insiste Jean-Marc. L’organisation de la section CFDT s’adapte petit à petit à la situation, tout en intégrant les spécificités géographiques de l’île. Deux instances, l’une au nord, l’autre au sud, distantes d’environ 70 kilomètres, existent toujours. Mais elles sont désormais chapeautées par un secrétaire général commun. « Depuis trois ans, nous organisons des conseils syndicaux intersites, explique-t-il. À l’avenir, les conseils syndicaux mensuels des deux établissements seront réunis en un seul conseil syndical pour l’ensemble du CHU après avis et concertation de tous. Nous préparons nos conseillers à cette échéance. » Cette cohérence porte ses fruits. Depuis quelques années, l’audience de la CFDT est en hausse. Les chiffres de développement sont bons (la section a dépassé le cap des 400 adhérents à l’hôpital de Saint-Denis, et représente même un poids un peu supérieur dans les établissements du sud de l’île) et les résultats aux dernières élections sont positifs. « Pour la première fois, la CFDT est présente dans toutes les CAP [commissions administratives paritaires], c’est historique !, se réjouit Jean-Marc. Nous avons misé sur des jeunes militants sur les listes. C’était un pari, et il a payé. »

Dans l’océan Indien comme ailleurs, les conditions de travail des personnels soignants, techniques et administratifs sont particulièrement difficiles. L’hôpital est « à l’os », et l’État lui demande encore des efforts budgétaires. « La France a voulu créer un CHU dans cette partie du monde mais n’a pas soutenu comme elle aurait dû cette ambition, déplore le délégué syndical. Le bâtiment de Saint-Denis, par exemple, a été construit sur ses fonds propres. C’est comme si on demandait aux enseignants de construire leur école ! »

Logé à la même enseigne que les CHU de la métropole, l’hôpital de La Réunion a dû mettre sur pied un plan de retour à l’équilibre au début de 2018. Cet objectif, écrit noir sur blanc dans les cahiers du Copermo (comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers), trouve une traduction très concrète entre les murs du CHU : 155 suppressions de postes en cinq ans. « Rien qu’en 2018, 67 ont déjà été rayés de nos effectifs, note Expédit Lock-Fat, secrétaire général du Syndicat santé-sociaux de La Réunion. Cela fait trente ans que je travaille à l’hôpital, et je n’ai jamais connu ça ! »

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